la grève du 18

Place d’Italie il y a un stand de hotdog et de brochettes, et ça sent la viande grillées et la terre mouillée. Le cortège s’engouffre entre les travaux de l’avenue, s’agglutine devant l’étal de Libertalia puis continue, emporté au début par son propre élan. Un syndicaliste harangue la foule derrière une camionnette. Il parle de la CGT raffinerie, et de comment les syndicats demandent +10% sur les salaires. “10%, ça fait 320 millions d’euros. Cette année, Total a versé 10 milliards de dividendes. Alors on a pris la calculette, et c’est assez simple. On demande 3,2% de cette somme. C’est même pas révolutionnaire, c’est pas le Grand Soir. C’est le minimum.” Les gens applaudissent et gueulent, car comment ne pas applaudir et gueuler. On zigzag entre les voitures et la chaussée à nue, entre les barrières et les banderoles. Le mots d’ordre est clair : on veut de la thune. Les camarades se pointent du doigt les pancartes plus drôles et un petit vieux commente, les yeux rieurs : “La seule chose que les bourgeois auront pas volé, c’est la révolution” L’avenue s’élargit et plus bas résonnent des tambours, ou peut-être une sono. Le brouillard s’épaissit à mesure qu’on avance, accompagnant une camionnette de Sud Rail. On en distingue à peine le ballon, noyé dans les cris et les feux de Bengale. Leur cortège chante les classiques de manif’ à plein poumon, repris par la foule autour. Une camarade reconnaît quelques lycéens de chez elle et les salue. Ils lui…