"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Assad

“Je vais t’emmener derrière le soleil et même les mouches bleues ne vont pas savoir où tu es“

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Entre le 23 avril 2020 et décembre 2021 s’est tenu, pendant 105 jours à Coblence en Allemagne, le procès d’Anwar Raslan, haut colonel du renseignement d’Assad. Le 13 janvier 2022 Raslan fut condamné à la perpétuité, dans ce qui a été le premier procès au monde à traiter des crimes contre l’humanité du régime syrien. Ce régime est toujours au pouvoir, bien qu’il ait pris la vie de centaines de milliers de victimes civils, en a fait disparaitre des dizaines de milliers d’autres et déplacé plus de 12 millions de syriens. Au cours de ce procès le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’homme (ECCHR), ainsi que trois autres avocats, ont soutenu 14 plaignants et plus de 80 autres témoins ont déposé, dont de nombreux rescapés de torture. Le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM) et des membres de la société civile ont également joué un rôle essentiel. Il fallait rassembler les preuves, identifier les auteurs des crimes et monter des dossiers tout en collaborant avec l’accusation. Lien Le “procès Al-Khatib”, du nom de la prison où travaillait Raslan, est également unique dans son genre, pour avoir fait usage de la compétence universelle, en place depuis 2002 en Allemagne, qui permet à un État de poursuivre en justice des auteurs de crimes indépendamment de là où ils ont été commis. Wolfgang Kaleck, avocat spécialisé sur les droits de l’homme et fondateur du ECCHR (et qui fut aussi un des avocats d’Edward Snowden)…

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La militarisation de la santé en Syrie : Entre anciennes et nouvelles conduites de guerre

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En ce jour du 11ème anniversaire de la révolution syrienne, il est important de rappeler que le massacre de civils en Syrie continue et n’a jamais cessé. Notamment en ce janvier 2022, Idlib s’est trouvé à nouveau sous les bombes de l’aviation russe et de celles du régime syrien, détruisant entre autres le centre de distribution d’eau potable et tuant des civils dont deux enfants. Les infrastructures les plus essentielles à la vie sont stratégiquement prises pour cible, comme celle de la santé publique syrienne. Le 21 mars dernier, l’hôpital al-Atareb à l’ouest d’Alep est attaqué par missiles à trois reprises, faisant 7 morts dont 5 du personnel médical et 15 blessés. Cet hôpital est devenu particulièrement important en 2016, ne se trouvant pas loin d’Alep. La plupart des établissements de santé étaient détruits et même des personnes de Hama (à plus de 60km) venaient s’y soigner. Depuis le début de la révolution syrienne en 2011, de nombreux établissements de santé ont été la cible d’attaques par Assad et ses alliés. Plus encore: Depuis le début du conflit, la plupart des pharmacies et hôpitaux ont été détruits, la neutralité médicale piétinée et des centaines de médecins arrêtés, torturés et exécutés simplement pour avoir exercé leur métier. Une population mutilée, qui ne peut pas accéder aux soins les plus basiques, ne peut pas se révolter et ne peut donc pas continuer à réclamer la liberté et la démocratie. S’en prendre aux structures qui assurent la vie humaine représente un massacre de…

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La guerre d’Assad est la continuation de la solution politique par d’autres moyens

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La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. C’est grâce à cette définition de Clausewitz que l’on peut répondre à tous les partisans d’une « solution politique » en Syrie, que l’offensive actuelle du régime d’Assad et de ses alliés n’est rien d’autre que la continuation de la “solution politique” par d’autres moyens. Cette posture, en opposant solution politique et solution militaire laisse croire qu’il y aurait une séparation claire et nette et mythique entre guerre et paix. Une façon pour les « réalistes » de constituer leur réalité alternative, une « solution politique » dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’elle serait l’exact inverse de la situation actuelle. Cette inversion stricte entre les deux états permet ainsi aux « réalistes » d’en appeler à leur fameuse solution politique sans jamais identifier dans le réel le point où se rejoindraient les « solutions militaires » et la « solution politique » et qui permettrait de comprendre comment passer de l’un à l’autre. Or il n’en est rien, les frontières entre guerre et paix sont de plus en plus brouillées pour le meilleur mais aussi pour le pire et le cas de la Syrie est exemplaire à ce titre. Le droit de la guerre s’étend, il y a de plus en plus de zones de désescalade, de cessez le feu, de zones tampons, de négociations pour l’accès des ONG, de couverture médiatique, tout ceci étant des logiques de « paix », de droit des civils qui viennent réguler les logiques de guerre. Mais le brouillage des frontières produit…

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Faire vivre la révolution syrienne, refuser la normalisation du régime Assad

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Le 18 février prochain, au centre Wallonie-Bruxelles de Paris (antenne de l’agence chargée des relations internationales Wallonie-Bruxelles), se tiendra une projection débat autour du film Damascus de Myrna Nabhan. Il s’agit là d’un évènement de normalisation et de relations publiques du régime Assad, qui intervient quelques jours après les premières arrestations en Europe de Syriens accusés de crimes contre l’humanité, en tant que membres des services de renseignements syriens. Myrna Nabhan est une jeune journaliste belge d’origine syrienne et marocaine. C’est une des figures de propagande du régime Assad, sur ses médias, télévisés notamment. Elle est proche de politiciens belges qui ne mettent en avant que le sort des chrétiens d’orient (alors que c’est l’ensemble de la population syrienne qui vit depuis des années des situations très dures), notamment Gorges Dallemagne. Dans une interview sur son film, Myrna Dabhan déclare « Dans le film, des jeunes parlent du coût de la vie, qui a énormément augmenté à cause de la guerre. Les gens n’ont plus les moyens de se nourrir. Ça peut être une raison pour un départ, ça peut pousser à prendre différentes décisions. Les sanctions internationales sont imposées au pays et c’est la population civile qui paye le prix. » Pas un mot donc de la politique du régime Assad et de ses crimes, en réaction aux manifestations pour la liberté, la justice et la démocratie ou avant la révolution débitée en 2011. Raconter la guerre, nous dit la présentation de son film, sur le site du centre Wallonie Bruxelles, « c’est…

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L(‘)arme politique

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« Je vous promets que la révolution syrienne va changer le visage du Moyen-Orient parce qu’elle change les êtres humains de l’intérieur. Les révolutions ce sont des idées, et aucune arme ne peut tuer des idées. » Raed Fares Voilà quelques jours que je cherche les mots… Que savons-nous de la torture, de la répression, des régimes autoritaires, des assassinats politiques ? Que savons-nous de la résistance et des révolutions ? Vendredi matin, 23 novembre, en Syrie, ils ont assassiné Raed Fares et son ami Hamoud Junaid. Je ne connaissais pas ce dernier. Nous étions nombreux à suivre le premier. Il restera une figure majeure de la révolution syrienne. La perte est immense. Écœurante. Déchirante. Depuis le mois de mai, en Arabie Saoudite, ils ont emprisonné et torturent plusieurs activistes engagés en faveur des droits des femmes: Loujain al Hathloul, Iman al Nafjan, Aziza al Yousef, Samar Badawi, Nassima al Sada, Mohammad al Rabea et Ibrahim al Modeimigh. Une liste de noms. Et parmi eux, la sœur d’une amie. Je ne peux imaginer les angoisses qu’elle et ses proches affrontent. Celle-ci nous demande de relayer des articles pour alerter l’opinion publique. S’il-vous-plaît, faites résonner ces noms, donnez-leur un écho au-delà de cette liste sinistre de prisonnier.e.s politiques. Alors, je cherche, cherche encore les mots sans vraiment les trouver. Et si, à bout de mots, nous trouvions des moyens d’action? Il est devenu insupportable d’entendre le ronron inquiétant autour de la montée des fascismes aux quatre coins du globe. Comme un prétexte à l’immobilisme,…

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La chute du “dernier bastion rebelle” n’aura pas lieu

in Chroniques du déni/Révolution by

La guerre est affaire de symboles. On a tendance, dans notre modernisme gavée de géopolitique pseudo-réaliste, à oublier combien la guerre est affaire de symboles. Mais en réalité, les hommes sont plus prêt à mourir pour une médaille ou un idéal que pour un pipeline. Et le nerf de la guerre ce n’est pas l’argent ou le pipeline, ce sont des hommes qui sont prêt à donner leur vie pour quelque chose. C’est parce qu’on oublie combien la guerre est affaire de symboles qu’on oublie combien la guerre est affaire de narration, de mythes, de récits qui permettent de mettre en scène ces symboles et de les rendre compréhensibles et accessibles. Même le pipeline, si réaliste, est obligé de devenir un symbole et de se mettre en scène dans le récit nihiliste d’une grande partie d’échec entre grande puissances. Le récit de « la chute du dernier bastion rebelle » est ainsi devenu, au sujet de la Syrie, un narratif privilégié qui permet, un peu à tout le monde, de raconter la guerre en Syrie en éliminant l’élément gênant de la révolution syrienne. Transformer la révolution en cause Une révolution est une force motrice de l’histoire. Elle a son narratif propre puisqu’elle écrit l’histoire. Une révolution est, sur le plan historique, le dépassement de la dialectique pour créer une nouvelle dialectique historique. Exemple concret dans le cas syrien : dépasser la dialectique Dictature / Islamiste par une exigence radicale de liberté et de démocratie pour tous les syriens. La cause c’est le symbole.…

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L’étrange positionnement de Caritas International sur la Syrie

in Chroniques du déni by

Caritas est un ONG spécialisée dans l’aide humanitaire, d’inspiration catholique (en France c’est le « secours catholique »). La profondeur de ses liens avec l’Eglise varie d’un pays à l’autre. D’une relative indépendance en Belgique à une très grande imbrication dans d’autres pays. En Belgique, l’association est vue comme un pilier dans les grandes ONG belge d’aides humanitaires. Ils font par exemple partie du consortium 12-12 visant à des récoltes de fonds d’ampleurs pour des évènements d’ampleurs (ex : le tremblement de terre en Haïti). A ce titre, ils ont un positionnement qui, d’habitude, vise à s’en tenir à l’humanitaire quand il s’agit de prise de position publique. Pourtant une rapide recherche sur leur site tend à montrer une tout autre image lorsqu’il est question de la Syrie. Début décembre 2016, l’offensive gouvernementale visant à reprendre Alep bat son plein. Les quartiers aux mains de l’opposition sont soumis à un déluge de feu de la part des aviations russe et syrienne. Les morts se comptent par dizaines tous les jours. Les analyses des ONG spécialisées sont sans appel sur l’origine de ces destructions : ce sont bien les forces gouvernementales qui sont responsables de l’écrasante majorité des victimes. Mais à Caritas, on préfère ne pas parler de cela. On va plutôt publier le témoignage d’un membre de Caritas Syrie qui vit à Alep ouest. Celui-ci insiste sur le fait que les violences touchent autant les zones gouvernementales que les zones de l’opposition. C’est évidemment faux, comme le montre déjà à…

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“Bachar à la ZAD”, un slogan sale

in Chroniques du déni by

“Macron fait son Bachar à la ZAD”. Cette photo de tag apparue sur le net suscite les réactions. Car il dit beaucoup de la recomposition politique et du confusionnisme ambiant. Ce qui surprend dans ce slogan c’est qu’il est tout à la fois une reconnaissance des crimes de Bachar al Assad et leur négation par la mise en équivalence avec les lacrymos de Macron. Tout en « humour » évidemment, une blague potache. De façon significative on reproche aux Syriens où à ceux de leur défenseurs qui ne goûtent pas la blague de manquer de sens du second degré ou de ne pas être capable de saisir le jeu de mot. Pour tenter d’en comprendre toute la puissance nous avons cherché un peu l’origine de ce jeu de mot sur Twitter.

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Syrie: la Dictature, c’est la Paix ?

in Chroniques du déni by

Londres 13 avril 2018: les prétendus mouvements anti-guerre appellent comme partout en Europe à se mobiliser “pour la paix en Syrie”. Leur définition de la paix en actes: le drapeau de la dictature d’Assad flotte sur leur manifestation. Issu du compte twitter de Peter Tatchell, activiste opposé aux frappes mais opposé au régime de Bachar al Assad

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Non, il n’est pas possible de séparer la « critique des médias » de la défense de Bachar al Assad

in Médias etc. by

La crise qui vient de s’abattre sur Le Média est assez symptomatique et aussi un révélateur de ce qu’est la critique des médias. Le Média et sa ligne éditoriale sur la Syrie n’est pas un accident de parcours mais une tentative courageuse de traduire la critique des médias en actes. Et il n’a pas démérité, il est un pur produit de la “critique des médias” et de ce qu’elle est destinée à produire.

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