"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Mouvement Social

También la lluvia

in Révolution by
la bassine de sainte soline

C’est un film sur des manifestations pour l’eau, en Bolivie. Des manifestations parce que quelques raclures ont privatisé la récupération et la distribution de l’eau dans le pays. Des manifestations parce qu’ils veulent tout nous prendre, “même la pluie”. D’où le titre. C’est à ce genre de chose qu’on pensait tous dans la voiture en y allant, je crois. Privatiser l’eau, bordel, mais faut vraiment être un psychopathe. L’idée c’est de faire de gigantesque bassine en extérieur pour pouvoir plus facilement siphonner l’eau des nappes phréatiques – qui sont à des niveaux de sécheresse record chaque année, au cas où ça n’est pas évident. Tout ça pour la culture intensive du maïs, une plante très gourmande et pas adaptée à notre climat. Les “irriguants” sont souvent des agriculteurs endettés jusqu’à l’os au profit des géants de l’agro-industrie. Qui font des virés à cinquante dans les maisons des agriculteurs pas d’accord pour tout niquer et menacer leurs familles. Ils ont fait des listes. Donc on a pris le weekend pour y aller, comme quelques milliers de personne. L’année dernière ils ont réussi à en crever une, on va voir ce qu’on peut faire cette fois-ci. On partage le bluetooth entre de la techno berlinoise et de la pop des années 80, collectif transgénérationnel oblige. Je découvre Ottawan, qu’il faut avoir écouté pour y croire. “T’es in, t’es out, t’es Bath” ça ne veut strictement rien dire mais on chante quand même. Le covoitureur qu’on a pris avec nous se marre. Il…

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Tout commence – retour sur la manifestation du 19 janvier

in Mémoires Vives by

Un pote qui a monté sa boîte me dit que quatre de ses développeurs sont en grève, qu’il a jamais vu ça. Mon père qui a la soixantaine bien tapée va travailler tous les jours où il le peut, quand les effets de son traitement ne sont pas trop incapacitants. Il dit que c’est une question d’annuités, et qu’il faut bien s’occuper de ce qui reste de l’hôpital public. Mais il dit aussi que là, vraiment, les gens en ont marre. Paris est recouvert de stickers “retraite à soixante ans” et de gens fatigués avec les poings serrés. Sur les plateaux pullulent des richards qui veulent nous convaincre que c’est nous, les parasites. Les milliards des milliardaires défilent dans des comparaisons absurdes, puisqu’il suffirait de leur prendre 1 ou 2 % pour “être à l’équilibre”. Alors qu’il faudrait bien sûr tout leur prendre et leur laisser le SMIC. On le passerait à 2000 balles de toute façon, ils ne pourraient pas se plaindre. J’espère que demain, quand ça va commencer, on va voir les camarades du SO et ceux du bloc, les profs et les chômeurs, les aides-soignantes, les raffineurs, les chauffeurs de bus, de métro et de train, les employés de bureau, tout le monde en fait. Tout le monde. Et demain, il y avait effectivement tout le monde à République. CFDT, CFTC, UNSA, SUD, CGT, CNT, l’autre CNT, et j’en passe, tout le monde était là. Tout le monde, et les autres. Pendant dix minutes une camarade a…

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la grève du 18

in Instants by
cortège de Sud Rail à la manifestation du 18 octobre 2022

Place d’Italie il y a un stand de hotdog et de brochettes, et ça sent la viande grillées et la terre mouillée. Le cortège s’engouffre entre les travaux de l’avenue, s’agglutine devant l’étal de Libertalia puis continue, emporté au début par son propre élan. Un syndicaliste harangue la foule derrière une camionnette. Il parle de la CGT raffinerie, et de comment les syndicats demandent +10% sur les salaires. “10%, ça fait 320 millions d’euros. Cette année, Total a versé 10 milliards de dividendes. Alors on a pris la calculette, et c’est assez simple. On demande 3,2% de cette somme. C’est même pas révolutionnaire, c’est pas le Grand Soir. C’est le minimum.” Les gens applaudissent et gueulent, car comment ne pas applaudir et gueuler. On zigzag entre les voitures et la chaussée à nue, entre les barrières et les banderoles. Le mots d’ordre est clair : on veut de la thune. Les camarades se pointent du doigt les pancartes plus drôles et un petit vieux commente, les yeux rieurs : “La seule chose que les bourgeois auront pas volé, c’est la révolution” L’avenue s’élargit et plus bas résonnent des tambours, ou peut-être une sono. Le brouillard s’épaissit à mesure qu’on avance, accompagnant une camionnette de Sud Rail. On en distingue à peine le ballon, noyé dans les cris et les feux de Bengale. Leur cortège chante les classiques de manif’ à plein poumon, repris par la foule autour. Une camarade reconnaît quelques lycéens de chez elle et les salue. Ils lui…

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Vaccinée, troisième dose de solidarité offensive à la rentrée.

in Instants by

Cher gouvernement Vos insultes sous couvert de féliciter les vaccinés, ça commence à me fatiguer. Pas d’amalgame s’il vous plaît, j’ai pris le Pfizer, pas la carte d’En Marche, la France qui travaille pour vous, ce sera sans moi. Je me suis pas vaccinée pour retourner bosser pour huit balles de l’heure et une amende à 135 balles si je rentre trop tard et que j’avais pas d’attestation pour l’apéro dinatoire d’En Marche. Je suis vaccinée pour le Chaos vivant contre votre Ordre qui sent la Mort. Je suis vaccinée pour ne contaminer personne dans les manifs. Je suis vaccinée pour protéger les chômeurs quand on manifestera contre la réforme de l’assurance chômage Je suis vaccinée pour protéger les retraités quand on manifestera contre la réforme des retraites. Je suis vaccinée pour protéger les amis en situation de handicap quand on manifestera pour l’individualisation de l’AAH , et puis des AESH pour les gosses. Je suis vaccinée pour retourner occuper les théâtres et cette fois on sortira pas avant d’en avoir fini avec la société du Spectacle. J’aime pas spécialement Debord, mais encore moins Marlène Schiappa en train de réciter du Maurras chez Hanouna. Je suis vaccinée pour pas tomber malade pile le jour où je fais grève et rater la manif. Je suis vaccinée pour dire Même pas mal au flic qui m’arrachera mon masque dans une de vos nasses. Je suis vaccinée pour manifester pour que les exilés puissent se faire vacciner. Et avoir des papiers et un…

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Pardon Wajdi, pour ces occupations

in Mémoires Vives by

C’était un 20 mai 2021, un mois de mai où le ménage de printemps s’imposait. Aérer, ouvrir, ré-ouvrir, en finir avec cette odeur de Covid, avec ces histoires de luttes, de combats sociaux, de convergences. Les théâtres étaient prêts, les artistes trépignaient. Il restait toutefois quelques intermittents dans les lieux, qui avaient décidé d’occuper des théâtres vides durant le confinement et d’y faire résonner les revendications qui agitaient l’époque, d’organiser les luttes, de rêver convergence. Plus de 100 théâtres furent “occupés” et des Agoras organisées partout en France devant ces théâtres avec une revendication : annulation de la réforme assurance chômage. C’était une bien belle et bien valeureuse lutte, promise à l’échec comme toutes les luttes du moment, qui méritait d’être saluée, encouragée, applaudit. Wajdi Mouawad, auteur prodigue du théâtre contemporain et directeur d’un théâtre national à Paris, le théâtre de la Colline publie un manifeste à l’attention du public de son théâtre, pour leur expliquer pourquoi il refuse d’ouvrir le théâtre et pourquoi il préfère annuler les représentations afin qu’ils n’aient pas le désagrément de croiser quelques militants dans le hall. Voici ma réponse d’occupante de ces théâtres, militante, artiste, intermittente ou pour reprendre la définition qu’il fait de nous: une sorte de bactérie humaine, d’infection de ce monde. Pardon Wajdi. Pardon, je suis coupable, je suis une grande coupable Wajdi. Je ne t’ai pas donné un grand et beau spectacle, à toi, oh maître des lieux…. pardon, j’ai beaucoup pêché Wajdi. Tu vois, j’ai moi aussi un faible…

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LE PEN DEMISSION. PARTOUT.

in Instants/Prises de positions by

Ces dernières semaines, l’extrême-droite et les fascistes ont eu une divine surprise : partout des forces politiques se sont proposées d’elles-mêmes pour être la marionnette des ventriloques bruns. Au mois de novembre, Emmanuel Macron avait fait preuve d’imagination prémonitoire en décidant, dans le cadre d’une itinérance mémorielle, de rendre hommage au Maréchal Pétain. Le premier personnage de l’Etat, en cédant à la poussée culturelle fasciste avait tracé un chemin. Il l’a suivi, notamment ces derniers jours par une  déclaration  terrible sur un Gilet Jaune emprisonné, qu’il a désigné comme « Gitan » et de ce fait, censé parler d’une certaine manière. Celui qui incarne la République où tous les hommes sont censés naître libres et égaux en droits, a énoncé comme une évidente banalité la division en races, ou en communautés essentialisées : les Gitans parlent comme ceci, les Juifs autrement, sans doute et les Arabes et les homosexuels et qui encore ? La question ne se pose pas seulement au plus haut sommet de l’Etat : ces dernières semaines, elle a été amenée de manière très concrète dans un mouvement censé justement s’opposer à la vision du monde et à la politique du Président. Le mouvement des Gilets Jaunes recouvre certes des réalités complexes, des souffrances, des revendications qui pourraient -parfois- se recouper avec celles des mouvements sociaux qui ont eu lieu depuis quelques années : contre la casse du Code du Travail, contre la politique d’immigration raciste qui prévaut depuis longtemps. Mais la complexité du réel n’est pas…

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Ligne rouge et gilets jaunes

in Chroniques du déni by &

A quoi a ressemblé le 17 novembre des gilets jaunes ? A rien de social, à rien de démocratique, à rien de collectif, à rien d’émancipateur… Le 17 novembre a été une journée de libération de ressentiments, d’aigreurs, de haine des minorités, de refus de la prise en compte de la parole et des contraintes du reste de la population, de nationalisme, tout ce qui va avec la culture d’extrême-droite dont ce mouvement est imprégné jusqu’à la moelle puisque c’est dans ce cadre idéologique-là qu’il a émergé. Des incidents “isolés” qui mettent en lumière le fond de violence contre les minorités du mouvement des gilets jaunes Le type d’initiatives menées par les gilets jaunes est révélateur : faire chier. Peu importe qui en fait, puisqu’il n’y a pas de nous, qu’il n’y a pas cette démarche de voir au-delà de son intérêt personnel. Donc on bloque surtout ses voisins, en fait. Et dans une ambiance qui permet de se lâcher. On recense une agression homophobe à à Bourg en Bresse, une autre islamophobe envers une femmes voilée à St Quentin. A Tours, un véhicule a été repeint en bleu blanc rouge et porte les slogans suivants « français d’abord, migrants dehors » et « force honneur patrie. » A Charleville Mézières, un des leaders des gilets jaunes locaux montre clairement son orientation antisémite et homophobe sur sa page facebook. On annonce des opération péage gratuit, mais dans le sens où il faut prendre le ticket d’entrée sur l’autoroute, pas dans le sens où on doit…

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Alors le 17, on n’y va ou pas ?

in Chroniques du déni by

En dehors de cette orthographe, c’est la question que bien des gens de gauche se posent. Le 17 novembre est une mobilisation d’extrême-droite. Pas seulement parce que le Front National et Debout la France soutiennent. Pas seulement parce que bon nombre des promoteurs et organisateurs sont d’extrême droite. Comment une pétition qui stagnait à quelques centaines de signatures a-t-elle soudainement pris une telle ampleur ? Qui a les meilleurs réseaux sur internet depuis des années, au point d’avoir son nom, la fachosphère ?

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Plan social et réactions paradoxales: des salariéEs, des luttes et des syndicats

in Mémoires Vives/Traces by

Ile de France, fin des années 2000, dans un site de 300 personnes d’une petite entreprise qui en compte 3 en France, environ un millier de salariés en tout. L’activité, c’est de la sous-traitance pour de grands groupes. Salariat jeune, mixte, pas mal d’immigrés qualifiés, d’Afrique et du Maghreb, des 2ème ou 3ème génération comme on dit (ce qui est à la fois une assignation et un élément qui pèse). Bref, des Blancs, des Noirs, des Arabes, et pas mal de turn over. Donc des sessions de recrutement fréquentes. Dans l’une d’elle, Myriam, une précaire qui a déjà une expérience militante et se syndique très vite. Un changement d’horaires suscite un grand mécontentement chez les collègues, mais c’est un site qui ne s’est pas mobilisé depuis très longtemps, personne n’a jamais fait grève, les syndicats n’informaient guère de ce qui se passait en réunion. La section syndicale fait un premier courrier, pas de réponse. Le syndicat lance une pétition (qui permet via les échanges de nouvelles adhésions), toujours rien. Les syndiquéEs décident de faire une heure de grève et distribuent un tract pour l’annoncer plus largement. La direction propose une réunion pour en parler, justement le même jour et à la même heure que le débrayage prévu. Bon, pas de souci, la décision est prise de suspendre le débrayage, de toute façon si ça ne donne rien il est facile de relancer l’idée quand on veut. Le service planification réétudie la question des horaires, et apporte des modifications. Tout ce…

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Déclics et des gens

in Instants by

Première conversation. Un militant, salarié d’un établissement du secteur public où ça bouge quand même un peu, explique que s’il devait reprendre le boulot à plein temps, il rentrerait très vite dans la gueule de tout le monde, à commencer par ses collègues parce qu’il n’en peut plus des gens résignés et par les encadrants, le premier qui vient lui dire quoi que ce soit, il va être bien reçu. Deuxième conversation. Une militante explique que dans un magasin où elle va régulièrement et où sa sœur est employée, elle a récemment discuté avec un salarié, qui lui dit être chef de rayon, gérer l’approvisionnement, les autres salariés du rayon et précise, sachant l’engagement syndical de son interlocutrice, qu’il est contre les syndicats dans le magasin. Malgré cette sortie provocatrice, la conversation se poursuit sur les conditions de travail de l’une et l’autre. Le chef de rayon en vient à donner son salaire : 1500€. La militante syndicale lui dit alors gagner bien plus, sans « responsabilités » d’encadrant, simplement en remplissant des chariots, parce qu’elle est dans un secteur où il y a (encore) une bonne convention collective. Quelques jours plus tard, la sœur de la militante syndicale lui dit que le chef de tel rayon voudrait lui parler, sur des questions de salaire, sur la future mise en place du CSE…   Les exemples viennent du milieu syndical, mais les deux démarches pourraient se retrouver dans d’autres cadres militants. Ce n’est pas une question d’étiquette, les deux militants sont du même…

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