"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Extrême Gauche

También la lluvia

in Révolution by
la bassine de sainte soline

C’est un film sur des manifestations pour l’eau, en Bolivie. Des manifestations parce que quelques raclures ont privatisé la récupération et la distribution de l’eau dans le pays. Des manifestations parce qu’ils veulent tout nous prendre, “même la pluie”. D’où le titre. C’est à ce genre de chose qu’on pensait tous dans la voiture en y allant, je crois. Privatiser l’eau, bordel, mais faut vraiment être un psychopathe. L’idée c’est de faire de gigantesque bassine en extérieur pour pouvoir plus facilement siphonner l’eau des nappes phréatiques – qui sont à des niveaux de sécheresse record chaque année, au cas où ça n’est pas évident. Tout ça pour la culture intensive du maïs, une plante très gourmande et pas adaptée à notre climat. Les “irriguants” sont souvent des agriculteurs endettés jusqu’à l’os au profit des géants de l’agro-industrie. Qui font des virés à cinquante dans les maisons des agriculteurs pas d’accord pour tout niquer et menacer leurs familles. Ils ont fait des listes. Donc on a pris le weekend pour y aller, comme quelques milliers de personne. L’année dernière ils ont réussi à en crever une, on va voir ce qu’on peut faire cette fois-ci. On partage le bluetooth entre de la techno berlinoise et de la pop des années 80, collectif transgénérationnel oblige. Je découvre Ottawan, qu’il faut avoir écouté pour y croire. “T’es in, t’es out, t’es Bath” ça ne veut strictement rien dire mais on chante quand même. Le covoitureur qu’on a pris avec nous se marre. Il…

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Souverainisme de gauche : histoire d’un oxymore politique (2)

in Traces by

(la première partie de cette série sur le souverainisme est à retrouver ici) Après les élections présidentielles de 2022 et un second scénario-catastrophe Macron-Le Pen, et pour continuer d’intenses débats amorcés au milieu des années 2010 à gauche, il paraît nécessaire de s’intéresser au concept politique de souverainisme. En effet, à l’aune des crises économiques, sanitaires et écologiques du temps, celui-ci fait un retour fracassant dans les discours politiques et se retrouve au centre des débats dans de nombreuses organisations militantes. Après avoir défini le souverainisme, dressé un historique du concept en France et insisté sur les raisons de son attrait actuel à gauche, nous explorerons dans le présent article les raisons pour lesquelles cette voie stratégique s’avère être une impasse pour les projets socialistes, en nous attachant à critiquer la manière dont cette idée souverainiste est comprise à gauche. Références et expériences souverainistes de la gauche française Le souverainisme tel qu’il est envisagé à gauche en France est en théorie bien différent du souverainisme classique, issu de la droite et des mouvements conservateurs. Cela explique en partie son attrait auprès d’une partie des socialistes, des communistes et même de certains libertaires. Un souverainiste de gauche considérera que pour reconstruire l’État social savamment démantelé ces dernières décennies par les néo-libéraux, un retour au cadre de l’État-nation et une lutte acharnée contre l’Union européenne sont deux éléments nécessaires et indissociables. Si l’on considère le monde comme une poupée russe, il est vrai que plus l’échelon politique se rapetisse, plus le contrôle…

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Interview de Philippe Corcuff et lecture critique: La grande confusion ou la fête foraine du confusionnisme – Audio et Texte

in Chroniques du déni by

L’interview que j’ai réalisé de Philippe Corcuff est à écouter ici: Lignes de Crêtes · Interview Philippe Corcuff July 2021 Je vais tenter de faire un retour de lecture constructif du dernier livre de Phillipe Corcuff « la grande confusion, comment l’extrême droite gagne la bataille des idées ». Je m’excuse d’emblée auprès du lecteur si je n’analyse pas en profondeur sa vision de la pensée des intellectuels qu’il cite dans le livre (Notamment de Chantal Mouffe, Jean-Claude Michéa , Frédéric Lordon) ni en profondeur les tensions entre identitarisme et émancipation, ni si Corcuff est juste quand il se réfère à Maurice Merleau-Ponty, Max Weber ou Marc Bloch. Néanmoins ce livre me semblant essentiel, sa lecture est possible sans avoir toutes ces références et il me parait important d’en faire une recension ici. Phillipe Corcuff nous invite à la grande fête foraine du confusionnisme, à la kermesse des idées d’extrême droite, à la foire du post fascisme. Il fait littéralement la fête à plusieurs penseurs dont les idées carnavalesques glissent malheureusement très vite sur le toboggan des idées d’extrême droite. A travers trois grands univers “Dérèglement de la critique sociale dans les temps confus actuels”; “Déplacement confusionniste en cours, de l’extrême droite à la gauche” et “En partant de la gauche polarisation politiques, ankyloses intellectuelles et intersections confusionnistes”, il nous invite de stand en stand de sa fête foraine à analyser la pensée des clowns réactionnaires. Le livre est un ouvrage pertinent et essentiel dans l’année électorale que nous sommes…

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Au sujet d’une gauche antisémite

in Chroniques du déni by &

«O gentilhommes La vie est courte, si nous vivons, c’est pour marcher sur la tête des rois ». Un non-sujet, l’antisémitisme à gauche ? Depuis quinze ans nous sommes quelques uns à avoir l’impression, au contraire qu’on n’a fait que parler des Juifs. Sans doute est ce une question d’accoutumance, qui fait que le vacarme constant devient un bruit de fond quasi-invisible aux yeux des militantEs. Jusqu’à ce qu’ils subissent eux même le bruit. Les cris et les huées. A ce moment très précis, où ils ont essayé de parler du “problème”, à une manifestation pourtant censée avoir lieu contre l’antisémitisme. A ce moment précis, où ils ont essayé de briser le silence qu’ils croyaient entendre et ont pu voir qu’il s’agissait en fait d’une haine plutôt tonitruante. Soit très exactement ce qui est arrivé aux auteurs du texte paru dans la revue Vacarmes, et qui s’adresse un peu à nous. Aller parler d’antisémitisme à gauche dans une manifestation appelée par les antisionistes, comme ces derniers, pourquoi? Dans cette partie de l’extrême-gauche où parler de l’antisémitisme, c’est depuis quinze ans, dire trois mots vite faits sur combien c’est grave mais pas souvent, avant de parler “d’instrumentalisation” par les “sionistes”, par le pouvoir, par les “racistes”, par les “médias”? Bref dresser la longue liste de tous les cas où parler d’antisémitisme est suspect, insupportable et contre-productif. Longue liste qui ne connaît guère d’exceptions. Ca fait longtemps que nous n’avons plus rien à faire, là. Là, dans cette partie de l’extrême-gauche qui a choisi son…

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Gilets Jaunes, violence et anomie

in Chroniques du déni by

Les Gilets Jaunes sont l’anti-barrage au fascisme. Le slogan « Macron démission » permet d’unir ceux qui n’ont aucun horizon politique et ceux qui ont pour horizon de rejouer le second tour ou d’abolir la république. C’est en cela que ce mouvement est un mouvement fasciste, car c’est un mouvement qui peut convaincre des gens de se tourner vers le fascisme. C’est aussi l’anti-barrage au fascisme qui est exprimé par cette gauche tentée de rejoindre les Gilets Jaunes. Celle là ne supporte pas qu’on lui rappelle la réalité du fascisme du mouvement et développe tout un argumentaire destiné à briser, dépasser, oublier le barrage au fascisme. “Ils ne sont pas tous comme ça; c’est du mépris de classe; justement il faut aller sur le terrain avec l’extrême droite pour pas lui laisser le terrain; j’ai un ami du comité Adama qui y était; c’est pas représentatif; c’est minoritaire; y’a des fascistes partout donc c’est normal on ne peut rien y faire”. La gauche se construit consciencieusement son déni et ses justifications, qui resserviront par la suite.

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Ligne rouge et gilets jaunes

in Chroniques du déni by &

A quoi a ressemblé le 17 novembre des gilets jaunes ? A rien de social, à rien de démocratique, à rien de collectif, à rien d’émancipateur… Le 17 novembre a été une journée de libération de ressentiments, d’aigreurs, de haine des minorités, de refus de la prise en compte de la parole et des contraintes du reste de la population, de nationalisme, tout ce qui va avec la culture d’extrême-droite dont ce mouvement est imprégné jusqu’à la moelle puisque c’est dans ce cadre idéologique-là qu’il a émergé. Des incidents “isolés” qui mettent en lumière le fond de violence contre les minorités du mouvement des gilets jaunes Le type d’initiatives menées par les gilets jaunes est révélateur : faire chier. Peu importe qui en fait, puisqu’il n’y a pas de nous, qu’il n’y a pas cette démarche de voir au-delà de son intérêt personnel. Donc on bloque surtout ses voisins, en fait. Et dans une ambiance qui permet de se lâcher. On recense une agression homophobe à à Bourg en Bresse, une autre islamophobe envers une femmes voilée à St Quentin. A Tours, un véhicule a été repeint en bleu blanc rouge et porte les slogans suivants « français d’abord, migrants dehors » et « force honneur patrie. » A Charleville Mézières, un des leaders des gilets jaunes locaux montre clairement son orientation antisémite et homophobe sur sa page facebook. On annonce des opération péage gratuit, mais dans le sens où il faut prendre le ticket d’entrée sur l’autoroute, pas dans le sens où on doit…

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Un salaud est mort, reste à tuer sa mémoire

in Mémoires Vives by

Dans ma mémoire politique, Robert Faurisson n’aurait pas du exister. Il n’avait rien d’extraordinaire, au regard d’autres figures importantes de l’extrême-droite et du néo-nazisme. Le négationnisme n’était qu’une branche de la haine antisémite, une forme du retournement victimaire particulièrement abjecte puisqu’elle visait cette fois à légitimer un génocide et des crimes contre l’humanité, mais tout à fait cohérente avec le récit général antisémite: ce ne sont pas les Juifs qui sont persécutés, puisqu’ils sont les maîtres du monde et les vrais bourreaux. Dans ma mémoire politique de militante d’extrême-gauche, Robert Faurisson, pourtant, est une marque au fer rouge sur ma peau militante, la marque de l’infamie, gravée pour la vie. Ces prochains jours, dans les nécrologies, on lira sans doute beaucoup de choses sur les liens entre Faurisson et les pays “arabes”, sur les complicités dont il a bénéficié en Iran. Et naturellement, beaucoup parleront du “nouvel antisémitisme” à cette occasion et de la manière dont de jeunes musulmans issus de l’immigration et de vieux nazis ont pu trouver un terrain d’entente. Issue de l’immigration musulmane, pourtant, si j’en étais restée au Coran, peut-être n’aurais-je jamais eu la honte d’avoir côtoyé, à deux périodes différentes de ma vie, des gens qui avaient trouvé un intérêt à propager le négationnisme. C’est bien l’ ancien antisémitisme européen qui a sali mon histoire militante.

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