"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Chroniques de la violence brune

Terrorisme d'extrême-droite, internationale néo-nazie, suprémacismes blancs: la terreur d'extrême-droite au quotidien.

La ratonnade comme exercice de style ? Entretien avec Emmanuel Casajus

in Chroniques de la violence brune/Entretiens/suprémacisme blanc by

Le style n’est pas un accessoire de la jeunesse fasciste, mais une obsession, un élément fondamental de la vie, tout autant que les idées politiques. Pour écrire son livre Emmanuel Casajus a eu l’intelligence de le comprendre et de vivre avec les jeunes apprentis ratonneurs qui défraient désormais la chronique, un moment particulier de leur histoire, un entre-deux, le milieu des années 2010, ce moment où la victoire politique des aînés dédiabolisés du RN se dessine sans être acquise. Ce moment qui n’est déjà plus tout à fait la décennie précédente, celle des avant gardes fondatrices, identitaires ou soraliennes,  où quelques militants déterminés, patients et inflexibles créent un univers culturel, médiatique, politique à partir de pas grand chose, en travaillant avec acharnement. Un moment qui cependant n’est pas encore celui que nous vivons aujourd’hui, où la radicalité violente fasciste devient mainstream, parce qu’utile au pouvoir. Emmanuel Casajus a donc connu le moment de la sociabilisation facile de jeunes gens généralement de la boourgeoisie bon teint,  qui se lancent dans l’aventure en ayant immédiatement accès aux mythes et à la possibilité de se les approprier en vivant “comme des fascistes” leurs nuits de fête et leurs jours de réunion où paraître. Il a répondu  à quelques unes de nos questions. En tant que sociologue, tu adoptes un angle d’étude original en t’intéressant au style et à la violence de divers groupes politiques. Selon toi, la question de la mode et celle de la violence sont-elles importantes pour diffuser une idéologie ? C’est…

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Mémoire de ratonnades, quand Auxerre annonçait Romans sur Isère

in Chroniques de la violence brune/Mémoires Vives by

J’ai publié ce texte en 2012, sur un blog antifasciste confidentiel. Les incendies criminels et les ratonnades d’Auxerre me sont revenus brusquement en tête après avoir vu la ratonnade à Romans sur Isère, qui a fait réagir beaucoup de commentateurs non issus de l’immigration musulmane, comme si c’était une horreur nouvelle et inquiétante. Je me suis rappelé ma terreur sourde, dix ans en arrière quand cette violence était de plus en plus flagrante pour qui s’y intéressait, c’est à dire était capable de lire jour après jour la presse locale, les brèves ici et là. L’émergence de la peste brune extra-légale en même temps que la banalisation de l’extrême-droite parlementaire. Ces groupes néo nazis,qui se ressemblaient les uns les autres dans leur composition sociale: des jeunes imprégnés par les mythes et les appels aux meurtres des suprémacistes blancs américains et puis des policiers et des militaires. Ce fut le cas à Auxerre mais aussi toutes les années 2000 et 2010 à Carcassonne et Castres, villes de garnison où l’on brûle des mosquées et ou l’on chasse le “raton”, comme on va au bal, entre jeunes et paras. Dix ans plus tard, ce sera aussi la composition d’un groupe Telegram de 8000 personnes FrDeter, démasqué par des journalistes communautaires musulmans juste avant de passer à l’acte et de commettre des attaques armées contre des mosquées et des activistes musulmans. Les ratonnades d’Auxerre ont commencé en 2004 et 2005, en même temps que perçait un blog peu connu en dehors des cercles…

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Les séparatistes de l’eau, ou comment l’état musèle une association écologiste de terrain.

in Chroniques de la violence brune/islamophobie by

J’ai rencontré Joëlle, militante de l’APIEE, association de protection, d’informations et d’étude de l’eau un week-end de mobilisation contre les Bassines. Dans cette ambiance particulière  du printemps 2023, où des choses tout à fait banales comme des forums, des débats ou des concerts militants sur une place de village se tiennent avec le bruit des hélicoptères au dessus des têtes, avec l’assurance d’être fouillé et contrôlé en repartant. Où l’on apprend entre deux discussions et rencontres que des camarades ont été gravement blessés lors d’une manifestation pacifique. Militante contre l’islamophobie, je voulais rencontrer celles et ceux qui me semblaient subir désormais un engrenage forgé pour les musulmans: stigmatisation, répression, dissolution. Pour échanger et peut-être construire du commun. On a commencé avec cet entretien. Signer l’appel à solidarité de l’APIEE Soutenir financièrement le combat et l’indépendance de l’association .   Nadia Meziane : Peux-tu nous présenter ton association, l‘APIEEE, ce que fait une association de protection de l’eau et comment vous fonctionniez avant tous ces ennuis avec la Préfecture . Joëlle : L’APIEEE, association de protection, d’information et d’études sur l’eau et son environnement, qui est notre association, existe depuis trente ans, elle a été fondée en 1990. On se bat pour l’eau de la source au robinet, peut-on dire. Pour la qualité de l’eau, pour la quantité et pour le milieu, les rivières, et ce qu’il y a dedans et autour. Pour cela, on fait toutes sortes de choses, à commencer par de la sensibilisation envers différents publics, y compris les élus.…

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Libertés associatives face à la loi Séparatisme, un défi commun ? Débat vendredi 17 févriier.

in Chroniques de la violence brune/Féminisme/islamophobie by

Si la loi Séparatisme a pu détruire profondément le régime des libertés associatives en France, c’est d’abord parce que l’islamophobie a amené les acteurs de la société civile non musulmane à craindre le prétendu “complot islamiste” plutôt que la remise en cause de ses droits. Aujourd’hui ce ne sont plus “seulement” les organisations musulmanes qui sont stigamtisées, privées de leurs ressources et de leurs locaux, accusées d’entretenir la sédition mais aussi des aasociations féministes, écologistes, des MJC, des associations de locataires ou de soutien scolaire. Est séparatiste, tout ce qui est considéré comme une opposition par le gouvernement. Réagir, c’est revenir au problème de départ, briser la séparation islamophobe, la peur, les préjugés, les réprésentations conspirationnistes. Créer un front commun entre toutes celles et ceux qui ont besoin des libertés publiques pour créer, s’entraider, lutter. L’unité commence par la rencontre et le dialogue: à l’invitation de Lignes de Crêtes, Elias d’Imazalène, fondateur d’Islam et Info, conseiller politique à Perspectives Musulmanes et Julien Talpin, sociologue au CNRS et coordinateur de l’Observatoire des Libertés Associatives répondront à vos questions vendredi prochain. Quelques ressources pour commencer à réfléchir Le premier rapport de l’Observatoire des libertés associatives: cent exemples d’atteintes aux droits des associations  Le rapport de l’organisation anglaise de défense des droits humains sur la répression islamophobe en France L’affaire Alternatiba , ou comment a été inventé l’éco-séparatisme Tourcoing : comment on prive les jeunes et les habitants des quartiers de leur MJC . Quand la loi Séparatisme permet d’interdire à des femmes…

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L’obsession d’un complot frériste au service de la légitimation de la “loi séparatisme”

in Chroniques de la violence brune/Chroniques du déni/islamophobie/Médias etc. by

L’anthropologue Florence Bergeaud- Blackler fait paraître ces jours-ci un livre intitulé Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête. A cette occasion, le Figaro publie de larges extraits du livre, dans lesquels on apprend “comment les Frères musulmans, la plus secrète des organisations islamistes, ont réussi à faire de l’Union européenne la base avancée de leur projet de conquête du monde.” Rien que ça. Ceci n’est que le dernier avatar d’une séquence médiatique déjà longue marquée par le conspirationnisme islamophobe au sein des médias français. Ce soi-disant “complot musulman” s’appuierait sur une véritable toile d’araignée islamiste patiemment tissée par les Frères musulmans, qui s’infiltrerait dans toutes les strates de la société, à travers des structures très diverses : mosquées, associations cultuelles, associations d’aide aux devoirs, associations caritatives, structures d’apprentissage de la langue arabe, commerces divers… Les Frères musulmans, c’est quoi ? La Société des Frères musulmans suscite depuis sa création de nombreux fantasmes. Elle apparait en 1928 en Egypte dans le contexte du renforcement de la mainmise coloniale de la France et du Royaume-Uni sur les anciennes provinces arabes de l’Empire ottoman, consécutif à sa défaite lors de la Première guerre mondiale et à son démantèlement. Concurrente de celle du jeune régime de Mustafa Kemal Atatürk au pouvoir depuis 1923 en Turquie, qui entend embrasser la modernité afin de rattraper le retard supposé des pays de la région vis-à-vis de l’Occident, la vision de l’islam des Frères musulmans est résolument conservatrice. La confrérie a pour horizon ultime la création d’un Etat islamique, dont les…

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Terreur d’extrême-droite et déni politique raciste: trois ans d’attentats “anecdotiques”.

in Chroniques de la violence brune/islamophobie by

Un tueur d’extrême-droite a donc finalement  frappé en plein Paris et assassiné trois personnes de sang-froid.  Emine Kara, Mir Perwer, Abdulrahman Kirzi ont été tués dans un centre culturel kurde du 10ème arrondissement . Ce qui doit arriver finit toujours par arriver.  Surtout quand un pays est dirigé par un gouvernement qui non content d’être dans le déni du danger raciste et fasciste, passe son temps à flatter l’extrême-droite et à lui donner confiance en reprenant ses principes politiques. L’homme qui a assassiné froidement des inconnus parce qu’ils étaient à ses yeux des “étrangers” , des “immigrés”, l’incarnation déshumanisée du Grand Remplacement a pu agir parce qu’il n’a pas été empêché. Parce que le déni devant la terreur armée de l’extrême-droite est porté par le plus haut niveau de l’état et par une grande partie de la société. En effet, cet individu avait déjà commis ce que pour d’autres victimes, on appellerait un attentat . Une attaque au sabre dans un camp de migrants, contre des personnes  qui siurvivaient dans des tentes. Des exilés donc, c’est à dire tout sauf des victimes dans l’imaginaire politique dominant de ce pays, où tout Ministre de l’Intérieur qui se respecte vote au moins un loi tous les deux ans pour durcir encore le statut des immigrés dans le pays. A l’époque de cette attaque, un rassemblement de solidarité improvisé avait été interdit et nassé par la police et les manifestants avaient pour certains écopé d’amendes. Evidemment aucun débat politique d’ampleur n’avait eu lieu…

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Un 23 décembre

in Chroniques de la violence brune by

Un camarade a envoyé sur le groupe qu’il allait au rassemblement de soutien à 18h, rue du faubourg Saint Denis. Ça a motivé deux trois personnes, donc on a décidé de s’y retrouver à la tombée de la nuit. Le boulevard Sébastopol était bloqué par des cars de police, de nouveaux cars grisés à la carrosserie flambant neuve, parce que joyeux noël, n’est-ce pas. La rue elle-même était encadrée par des rangées de mecs en armure, qui avait d’ailleurs sortie le lance-grenade à répétition. Au cas où, n’est-ce pas. Pour une fois les bars étaient tous fermés, ainsi que les kebabs et les pizzerias. Une foule encore plus dense que d’habitude et des éclats de verre par terre ; sur les téléphones les vidéos de l’après-midi, où la police avait gazé, chargé et matraqué. “C’est parce que Darmanin s’est fait sifflé” commente un gars, et on rigole. Les gars qui étaient là ne rigolaient pas par contre, et j’ai pas vu la police reculer aussi vite depuis les Gilets Jaunes. Faut croire qu’un Kurde en vaut deux. “Mais pourquoi y’a pas de musique ? Les gens vont bouger après ?” demande quelqu’un qui visiblement s’est perdu. “C’est une veillée de soutien pour les trois personnes assassinées, donc non y’aura pas de musique. Et après on va nulle part.” “Y’a beaucoup d’étrangers quand même.” “C’est parce que les trois victimes étaient kurdes.” “Et vous êtes des étrangers, vous ?” Des regards s’échangent avant de lui répondre. Y’a vraiment des gens chelous…

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Islamistes partout, démocratie où ça ? Contre Darmanin et son monde

in Chroniques de la violence brune/islamophobie/Religions by

Le Conseil d’état a validé ce mardi 30 août la décision d’expulsion d’Hassan Iquioussen, énième personnalité musulmane cible de la vindicte arbitraire du Ministre de l’Intérieur. Celui-ci a annoncé la nouvelle sur Twitter comme il avait annoncé son intention d’expulser sur le même réseau, avant même toute notification à sa victime. L’islamophobie est aussi une manière de remplacer la démocratie par la communication agressive. La veille, une note des services de renseignement était transmise à Europe 1, dont les employés ont fait un copié-collé laborieux. L’objet était avant tout de dresser une liste d’islamistes supposés avoir orienté le vote des musulmans pour Jean-Luc Mélenchon. Parmi ces islamistes désignés par un journaliste dont l’indépendance se résume manifestement à faire tenir douze pages de rapport policier sur deux A4, figure notamment Rafik Chekkat, auteur à Lignes de Crêtes, entre autres qualités, et également fondateur du média Islamophobia. Nous tenons à l’assurer de notre solidarité. Non pas que nous trouvions le moindre souci politique à publier des islamistes réels ou supposés, nous en trouverions plutôt à publier des copistes du Ministère de l’Intérieur. Ni au fait d’appeler à voter et à mobiliser publiquement, cela s’appelle faire de la politique en démocratie. Mais l’islamophobie structurelle portée à son paroxysme répressif est d’abord la tentative d’interdire tout droit au politique aux musulmans. Le mémoire du Ministère de l’Intérieur reprochait à Hassan Iquioussen de lancer des appels au vote, et assimilait la chose à la volonté de créer un califat semblable aux projets de Daech. Militants…

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Ni de droite, ni d’extrême-droite

in Chroniques de la violence brune by

Après l’échec du barrage de la gauche au premier tour de la présidentielle, nous avons été nombreux à appeler à faire barrage à nouveau – contre Marine Le Pen, évidemment. Un certain nombre d’électeurs de gauche ont refusé un tel barrage, lui préférant l’abstention ou, pour une partie d’entre eux, un vote pour Marine Le Pen. Le clivage entre ces deux pôles tient à une double méprise. D’une part, un électorat abstentionniste qui n’a pas réellement pris la mesure de la violence du programme du Rassemblement National, dont chacune des mesures annonce un déferlement de violence de classe, de race et de genre. D’autre part, une part de l’électorat qui appelle au vote pour Macron sans avoir réellement pris la mesure de la violence du quinquennat qui vient de s’écouler. Il existe bien évidemment des défenseurs du barrage qui savent pour qui ils vont voter, tout comme il existe des abstentionnistes qui savent ce qu’est le RN. On peut y ajouter des rouges-bruns, des confus, des fascistes purs et durs votant Le Pen ou des libéraux convaincus du bien-fondé des politiques de Macron. Il existe néanmoins une certaine catégorie d’électeurs se revendiquant de gauche qui fait une mine outrée ou agacée lorsque quelqu’un a le culot de comparer Macron à Marine Le Pen, et de scander “ni-ni” durant une occupation ou une manifestation. Une catégorie d’électeurs qui ne comprend donc sincèrement pas le refus du vote barrage au second tour, estimant qu’il ne s’agit au mieux  que d’un caprice d’enfant gâté.…

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Cher.e électeur insoumis qui envisage de ne pas faire barrage à Le Pen

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On a voté pour le même candidat au 1er tour au moins pour une raison commune : contre le néolibéralisme autoritaire, inégalitaire, patriarcal et climaticide de Macron. Pour rejeter l’amplification d’une politique antisociale, la promesse de plus de précarisation pour les classes populaires, la poursuite de la remise en cause des grands piliers de la redistribution des richesses et de la protection des travailleur.ses (sécurité sociale, retraite, droit du travail, syndicats, …) des droits fondamentaux (droit d’expression, de manifestation, liberté de culte, d’association, d’information, équilibre justice/police, …) et des services publics. Pour rejeter aussi des inégalités territoriales qui se traduisent non seulement dans les taux de chômages, mais aussi en nombre de morts COVID. Pour rejeter une politique patriarcale qui nomme à la tête du Ministère de l’Intérieur un militant anti PMA visé par une procédure judiciaire pour viol et harcèlement sexuel. Une politique qui nomme Garde des Sceaux un machiste ennemi déclaré du mouvement #MeToo ou de l’Association contre les Violences faites aux femmes. Pour rejeter une politique climaticide qui a piétiné les accords de Paris, qui a fait condamner l’Etat français pour préjudice écologique, poursuivi les centrales à charbon, rien fait pour limiter les émissions des gaz à effets de serre dues au transport, défendu un modèle agro-industriel productiviste et polluant. Contre tout ça, on a fait front ensemble au 1er tour. De mon côté, je considère que le macronisme n’est pas encore la dictature, pas encore le fascisme, il n’est pas encore question de supprimer physiquement et…

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