"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Souverainisme

Souverainisme de gauche : histoire d’un oxymore politique (2)

in Traces by

(la première partie de cette série sur le souverainisme est à retrouver ici) Après les élections présidentielles de 2022 et un second scénario-catastrophe Macron-Le Pen, et pour continuer d’intenses débats amorcés au milieu des années 2010 à gauche, il paraît nécessaire de s’intéresser au concept politique de souverainisme. En effet, à l’aune des crises économiques, sanitaires et écologiques du temps, celui-ci fait un retour fracassant dans les discours politiques et se retrouve au centre des débats dans de nombreuses organisations militantes. Après avoir défini le souverainisme, dressé un historique du concept en France et insisté sur les raisons de son attrait actuel à gauche, nous explorerons dans le présent article les raisons pour lesquelles cette voie stratégique s’avère être une impasse pour les projets socialistes, en nous attachant à critiquer la manière dont cette idée souverainiste est comprise à gauche. Références et expériences souverainistes de la gauche française Le souverainisme tel qu’il est envisagé à gauche en France est en théorie bien différent du souverainisme classique, issu de la droite et des mouvements conservateurs. Cela explique en partie son attrait auprès d’une partie des socialistes, des communistes et même de certains libertaires. Un souverainiste de gauche considérera que pour reconstruire l’État social savamment démantelé ces dernières décennies par les néo-libéraux, un retour au cadre de l’État-nation et une lutte acharnée contre l’Union européenne sont deux éléments nécessaires et indissociables. Si l’on considère le monde comme une poupée russe, il est vrai que plus l’échelon politique se rapetisse, plus le contrôle…

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Souverainisme de gauche : histoire d’un oxymore politique

in Traces by

Après les élections présidentielles de 2022 et un second scénario-catastrophe Macron-Le Pen, et pour continuer d’intenses débats amorcés au milieu des années 2010 à gauche, il paraît nécessaire de s’intéresser au concept politique de souverainisme. En effet, à l’aune des crises économiques, sanitaires et écologiques du temps, celui-ci fait un retour fracassant dans les discours politiques et se retrouve au centre des débats dans de nombreuses organisations militantes. Dans ce premier article, nous définirons le souverainisme, dresserons un court historique du concept en France et insisterons sur les raisons de son attrait actuel à gauche. Dans un second temps, nous explorerons les raisons qui font que cette voie stratégique s’avère être une impasse pour les projets socialistes, en nous intéressant aux portes de sortie possibles à notre époque pour dessiner un horizon politique commun, écologiste et émancipateur. Définitions Le Dictionnaire historique de la langue française (Alain Rey, 2010) nous apprend que le terme « souverain » est issu du latin super (« au-dessus », « sur ») qui a donné le terme superanus signifiant « supérieur ». Le concept politique de souverainisme est lui-même dérivé du terme « souverain » : cette étymologie est intéressante, car elle souligne la verticalité contenue dans le souverainisme. Le souverainisme a un lien fort avec la notion de souveraineté, concept important en science politique. Au XVIe siècle, Jean Bodin, théoricien de la monarchie absolue et intellectuel constructeur de la notion d’Etat moderne, développe cette idée de souveraineté dans ses Six livres de la République.…

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Du « macronisme de gauche »

in Antisémitisme/islamophobie by &

Depuis sa victoire à l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron mène une entreprise de saccage de la vie politique française. Non content d’avoir siphonné les cadres d’un Parti socialiste en déshérence il y a cinq ans, celui qui se présente comme « ni droite ni gauche » vient de ravir aux Républicains nombre de ses têtes et de ses électeurs. Dans la confusion, une partie de la gauche s’affichant pro-européenne, scientiste et anti-autoritaire se rallie encore explicitement ou par défaut au bloc macroniste. Alors que le Président réélu assume de plus en plus son ancrage à droite, ce positionnement pose question et mérite d’être analysé. On sait depuis longtemps qu’il existe diverses manières d’être de gauche, et mille et une raisons de continuer à se taper dessus par organisations interposées entre sociaux-démocrates, trotskystes, autonomes ou néo-stalinien-nes. Ce que l’on sait moins, c’est que si la jambe gauche du macronisme est une jambe de bois, celle-ci ne s’est pas vermoulue en cinq ans grâce aux efforts intellectuels d’une gauche bourgeoise – auto-proclamée « gauche intellectuelle » – sourde aux questions sociales et enfermée dans une posture de dénigrement perpétuel de tout ce qui n’est pas elle. Qu’est-ce que la gauche macroniste ? L’expression « gauche macroniste » ressemble à un oxymore. En effet, elle recouvre davantage une réalité sociologique et discursive que politique. Elle désigne une partie de l’intelligentsia de gauche ayant, par pessimisme et souci de distinction avec son milieu politique, abandonné tout espoir réformiste – ne parlons même pas…

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Interview de Philippe Corcuff et lecture critique: La grande confusion ou la fête foraine du confusionnisme – Audio et Texte

in Chroniques du déni by

L’interview que j’ai réalisé de Philippe Corcuff est à écouter ici: Lignes de Crêtes · Interview Philippe Corcuff July 2021 Je vais tenter de faire un retour de lecture constructif du dernier livre de Phillipe Corcuff « la grande confusion, comment l’extrême droite gagne la bataille des idées ». Je m’excuse d’emblée auprès du lecteur si je n’analyse pas en profondeur sa vision de la pensée des intellectuels qu’il cite dans le livre (Notamment de Chantal Mouffe, Jean-Claude Michéa , Frédéric Lordon) ni en profondeur les tensions entre identitarisme et émancipation, ni si Corcuff est juste quand il se réfère à Maurice Merleau-Ponty, Max Weber ou Marc Bloch. Néanmoins ce livre me semblant essentiel, sa lecture est possible sans avoir toutes ces références et il me parait important d’en faire une recension ici. Phillipe Corcuff nous invite à la grande fête foraine du confusionnisme, à la kermesse des idées d’extrême droite, à la foire du post fascisme. Il fait littéralement la fête à plusieurs penseurs dont les idées carnavalesques glissent malheureusement très vite sur le toboggan des idées d’extrême droite. A travers trois grands univers “Dérèglement de la critique sociale dans les temps confus actuels”; “Déplacement confusionniste en cours, de l’extrême droite à la gauche” et “En partant de la gauche polarisation politiques, ankyloses intellectuelles et intersections confusionnistes”, il nous invite de stand en stand de sa fête foraine à analyser la pensée des clowns réactionnaires. Le livre est un ouvrage pertinent et essentiel dans l’année électorale que nous sommes…

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Souverainisme gazeux sentant la mauvaise gauche

in Chroniques du déni by

Donc une nouvelle revue “de gauche” entend disputer à Onfray le retour de la Nation. Dernier né d’une demi douzaine de revues, think-tanks, instituts et autres machins souverainistes montés par “Le Vent Se Lève”, la Revue Germinal vient de sortir son premier numéro sur “le retour de la Nation”. A force de revenir on pensait que la Nation était déjà bien arrivé mais apparemment non, ce retour là devra, les concepteurs du projet l’espèrent, assurer enfin l’hégémonie culturelle du souverainisme à gauche. Le problème fondamental de jouer le retour de la Nation pour contrer les méfaits mondialisation est que ce jeu va inévitablement devoir recycler les grands classiques du thème, et se fixer sur des figures classiques incarnant à la fois les exclus de la Nation et les responsables de la mondialisation. Puis, car l’antisémitisme a moins bonne presse que l’islamophobie, ce petit jeu de la Nation contre la Mondialisation va avancer sur deux jambes, une islamophobe ouverte (on sait bien qui détruit la Nation) et un antisémitisme couvert (on sait bien qui finance cette destruction). Autrement dit et en termes plus crus (par le ministre de l’Intérieur en personne): la Nation républicaine doit se défendre contre les communautarismes Hallal et Cacher entretenus par le capitalisme mondial, jusque dans les rayons de supermarché. C’est ce phénomène précisément qu’on a vu à l’œuvre, lors de la fondation du mouvement de Kuzmanovic, qu’on a observé à la France Insoumise, au Printemps Républicain, chez Onfray, ou dans tout mouvement de gauche, ou prétendument…

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Comment être souverainiste et républicain? L’islamophobie

in Laïcité by

Suite au discours glaçant du président de la République sur l’instauration d’une “société de la vigilance” face à “l’hydre islamiste”; suite à la scène terrible de cet élu fasciste interpellant une femme voilée devant son fils lors d’un conseil municipal; suite à l’attentat islamophobe de Bayonne survenu le 28 octobre dernier; suite à l’interview de Macron dans Valeurs Actuelles venant ainsi cautionner les précédentes horreurs, un appel à manifester contre l’islamophobie fut lancé par la gauche radicale et le CCIF. Cet appel et cette manifestation déclenchèrent alors un déluge de réactions, y compris de la part de gens dont on aurait pu s’attendre à ce qu’ils choisissent un autre moment pour ressortir leurs versions soft de la tenaille identitaire. Parmi ces réactions, la plus emblématique nous semble être celle de République Souveraine, le mouvement de Georges Kuzmanovic, qu’on pourra lire ici dans le journal Marianne contrôlé par la souverainiste d’extrême droite Natacha Polony. Car cette tribune mais aussi le panel que Georges Kuzmanovic a réuni pour le colloque qu’il a organisé samedi 16 novembre, incarnent parfaitement et avec les meilleurs arguments, la façon dont l’islamophobie mène au souverainisme, et la façon dont le souverainisme a besoin de l’islamophobie pour se rendre cohérent. Ce n’est pas une surprise de voir ainsi la frange la plus radicale du printemps républicain aller remplir les tables rondes du souverainiste pro-Poutine Kuzmanovic. Fatiha Boudjahlat déjà experte islamophobe sur Sputniknews, experte en voilement encensée par l’économiste pro-Poutine Jacques Sapir sur le site du bloggeur pro-Poutine Olivier…

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Poutine, Macron, le réalisme libéral ou le libéralisme réel ?

in Chroniques du déni by

« Des malentendus. » C’est ainsi que Macron a décidé de nommer les violations, crimes de guerre, annexions, soutiens de partis d’extrême droite et propagande fasciste que Poutine a multipliés depuis les débuts de son règne, il y a vingt ans. Et le président français a promis au président russe, lors d’une rencontre à Brégançon juste avant le G7, de passer l’éponge sur tous ces « malentendus » construits, selon lui, depuis la fin du communisme, et qui empêchent la bonne entente et la coopération entre libéraux. Car Poutine est libéral, selon les mots d’un Macron bien décidé à mettre toute sa philosophie politique au service du rapprochement avec la Russie. A la question de la réintégration de la Russie dans le G7, Macron explique que ce n’est pas possible à cause de « l’irritant » qu’est l’Ukraine mais que le G7 n’est pas le seul format de discussion : « Je souhaite, dans le cadre de cette recomposition et du nouvel agenda, qu’on puisse lever beaucoup de malentendus qui se sont installés. Et c’est à nous d’inventer des nouveaux formats, d’être innovants. On n’est pas obligé de vivre avec les formats et les grammaires d’un monde qui a changé et qui est en train de changer encore de manière accélérée. » L’innovation de la start-up nation et le progressisme en marche, deux fondamentaux du projet macroniste, que le président entend mettre entièrement au service de la réconciliation avec Poutine. Ce projet macroniste de réconciliation avec Poutine, le président l’a encore explicité lors de son discours aux ambassadeurs le…

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Le Vent se Lève, jeune site souverainiste recrute historien du nazisme pour un plan com’

in Chroniques du déni by &

(ou comment Johann Chapoutot, historien du nazisme a donné une interview à des fans de Carl Schmitt) A quoi sert la parole de l’historien en politique ? Peut-on d’ailleurs rester seulement dans une démarche historienne lorsqu’on décide de s’engager aux côtés de tel ou tel organe militant ? Cas pratique : quand Johann Chapoutot spécialiste incontestable du nazisme intervient sur le site Le Vent se Lève, est-il permis de parler de soutien orienté à une propagande bien précise ? Au moment où Le Vent se Lève diffuse une campagne d’appel aux dons, après avoir été présenté comme un « jeune média indépendant » par Street Press ou les Inrocks, la question peut étonner. Indépendant, c’est comme libéral, un concept un peu fourre-tout, même s’il fait son effet rhétorique. Le mot rassure dans les milieux militants de gauche radicale, dans la mesure où sa signification communément acceptée est « Ce n’est pas Bolloré qui paye ». C’est un peu court Les animateurs du Vent se Lève ont bien compris que d’autres questions sur « l’indépendance » pourraient être soulevées à l’occasion de leur levée de fonds, lancée à peu près en même temps que la parution de l’entretien avec Johan Chapoutot, qui donne une coloration antifasciste un peu nouvelle à la revue. Laquelle a perdu une partie de son contenu nettement moins antifasciste en chemin, nombre d’articles ayant été supprimés du site. On trouvera donc ci-dessous, et à chaque fois qu’ils seront évoqués, les articles disparus. Le souverainisme qu’est-ce que c’est?…

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