"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Luttes

También la lluvia

in Révolution by
la bassine de sainte soline

C’est un film sur des manifestations pour l’eau, en Bolivie. Des manifestations parce que quelques raclures ont privatisé la récupération et la distribution de l’eau dans le pays. Des manifestations parce qu’ils veulent tout nous prendre, “même la pluie”. D’où le titre. C’est à ce genre de chose qu’on pensait tous dans la voiture en y allant, je crois. Privatiser l’eau, bordel, mais faut vraiment être un psychopathe. L’idée c’est de faire de gigantesque bassine en extérieur pour pouvoir plus facilement siphonner l’eau des nappes phréatiques – qui sont à des niveaux de sécheresse record chaque année, au cas où ça n’est pas évident. Tout ça pour la culture intensive du maïs, une plante très gourmande et pas adaptée à notre climat. Les “irriguants” sont souvent des agriculteurs endettés jusqu’à l’os au profit des géants de l’agro-industrie. Qui font des virés à cinquante dans les maisons des agriculteurs pas d’accord pour tout niquer et menacer leurs familles. Ils ont fait des listes. Donc on a pris le weekend pour y aller, comme quelques milliers de personne. L’année dernière ils ont réussi à en crever une, on va voir ce qu’on peut faire cette fois-ci. On partage le bluetooth entre de la techno berlinoise et de la pop des années 80, collectif transgénérationnel oblige. Je découvre Ottawan, qu’il faut avoir écouté pour y croire. “T’es in, t’es out, t’es Bath” ça ne veut strictement rien dire mais on chante quand même. Le covoitureur qu’on a pris avec nous se marre. Il…

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la grève du 18

in Instants by
cortège de Sud Rail à la manifestation du 18 octobre 2022

Place d’Italie il y a un stand de hotdog et de brochettes, et ça sent la viande grillées et la terre mouillée. Le cortège s’engouffre entre les travaux de l’avenue, s’agglutine devant l’étal de Libertalia puis continue, emporté au début par son propre élan. Un syndicaliste harangue la foule derrière une camionnette. Il parle de la CGT raffinerie, et de comment les syndicats demandent +10% sur les salaires. “10%, ça fait 320 millions d’euros. Cette année, Total a versé 10 milliards de dividendes. Alors on a pris la calculette, et c’est assez simple. On demande 3,2% de cette somme. C’est même pas révolutionnaire, c’est pas le Grand Soir. C’est le minimum.” Les gens applaudissent et gueulent, car comment ne pas applaudir et gueuler. On zigzag entre les voitures et la chaussée à nue, entre les barrières et les banderoles. Le mots d’ordre est clair : on veut de la thune. Les camarades se pointent du doigt les pancartes plus drôles et un petit vieux commente, les yeux rieurs : “La seule chose que les bourgeois auront pas volé, c’est la révolution” L’avenue s’élargit et plus bas résonnent des tambours, ou peut-être une sono. Le brouillard s’épaissit à mesure qu’on avance, accompagnant une camionnette de Sud Rail. On en distingue à peine le ballon, noyé dans les cris et les feux de Bengale. Leur cortège chante les classiques de manif’ à plein poumon, repris par la foule autour. Une camarade reconnaît quelques lycéens de chez elle et les salue. Ils lui…

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LE PEN DEMISSION. PARTOUT.

in Instants/Prises de positions by

Ces dernières semaines, l’extrême-droite et les fascistes ont eu une divine surprise : partout des forces politiques se sont proposées d’elles-mêmes pour être la marionnette des ventriloques bruns. Au mois de novembre, Emmanuel Macron avait fait preuve d’imagination prémonitoire en décidant, dans le cadre d’une itinérance mémorielle, de rendre hommage au Maréchal Pétain. Le premier personnage de l’Etat, en cédant à la poussée culturelle fasciste avait tracé un chemin. Il l’a suivi, notamment ces derniers jours par une  déclaration  terrible sur un Gilet Jaune emprisonné, qu’il a désigné comme « Gitan » et de ce fait, censé parler d’une certaine manière. Celui qui incarne la République où tous les hommes sont censés naître libres et égaux en droits, a énoncé comme une évidente banalité la division en races, ou en communautés essentialisées : les Gitans parlent comme ceci, les Juifs autrement, sans doute et les Arabes et les homosexuels et qui encore ? La question ne se pose pas seulement au plus haut sommet de l’Etat : ces dernières semaines, elle a été amenée de manière très concrète dans un mouvement censé justement s’opposer à la vision du monde et à la politique du Président. Le mouvement des Gilets Jaunes recouvre certes des réalités complexes, des souffrances, des revendications qui pourraient -parfois- se recouper avec celles des mouvements sociaux qui ont eu lieu depuis quelques années : contre la casse du Code du Travail, contre la politique d’immigration raciste qui prévaut depuis longtemps. Mais la complexité du réel n’est pas…

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De la différence entre boucher une artère et créer un cœur

in Révolution by &

C’est significatif que tout d’un coup, on se souvienne ici qu’il y a eu des printemps arabes en 2011. Mais quand c’est pour légitimer le mouvement des gilets jaunes en France, c’est montrer une incompréhension de ces deux mouvements, très différents malgré des similitudes formelles. Ces comparaisons ne sont pas là pour la gloire du printemps arabe mais plutôt pour appuyer une autre comparaison, avec la révolution française. Mais bon la révolution française c’est loin alors on va chercher les printemps arabes pour faire le lien. Ce qui est intéressant c’est qu’en faisant ressortir tout ce qui oppose les gilets jaunes et les printemps arabes on peut faire ressortir à quel point ce mouvement est éloigné d’une révolution. La revendication d’une similitude avec le printemps arabe n’est d’ailleurs pas nouvelle. Le tristement célèbre « printemps républicain » a déjà innové en la matière, tentant de récupérer l’image positive du printemps arabe (en enlevant le mot « Arabe ») pour en faire une mouvance raciste. De la même manière les homophobes du « printemps français » tentaient eux aussi de s’approprier et bien évidemment d’oblitérer la dignité retrouvée des printemps arabes en l’identifiant à une fierté nationale aux relents racistes. Une similitude qui est pointée, c’est que dans les deux cas, ce sont des mouvements populaires “spontanés”. Les printemps arabes se sont produits dans des régimes autoritaires au mieux, clairement dictatoriaux le plus souvent. Il n’y avait donc guère d’organisations auxquelles adhérer librement, même s’il y avait des différences entre la Tunisie et la Libye ou…

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Plan social et réactions paradoxales: des salariéEs, des luttes et des syndicats

in Mémoires Vives/Traces by

Ile de France, fin des années 2000, dans un site de 300 personnes d’une petite entreprise qui en compte 3 en France, environ un millier de salariés en tout. L’activité, c’est de la sous-traitance pour de grands groupes. Salariat jeune, mixte, pas mal d’immigrés qualifiés, d’Afrique et du Maghreb, des 2ème ou 3ème génération comme on dit (ce qui est à la fois une assignation et un élément qui pèse). Bref, des Blancs, des Noirs, des Arabes, et pas mal de turn over. Donc des sessions de recrutement fréquentes. Dans l’une d’elle, Myriam, une précaire qui a déjà une expérience militante et se syndique très vite. Un changement d’horaires suscite un grand mécontentement chez les collègues, mais c’est un site qui ne s’est pas mobilisé depuis très longtemps, personne n’a jamais fait grève, les syndicats n’informaient guère de ce qui se passait en réunion. La section syndicale fait un premier courrier, pas de réponse. Le syndicat lance une pétition (qui permet via les échanges de nouvelles adhésions), toujours rien. Les syndiquéEs décident de faire une heure de grève et distribuent un tract pour l’annoncer plus largement. La direction propose une réunion pour en parler, justement le même jour et à la même heure que le débrayage prévu. Bon, pas de souci, la décision est prise de suspendre le débrayage, de toute façon si ça ne donne rien il est facile de relancer l’idée quand on veut. Le service planification réétudie la question des horaires, et apporte des modifications. Tout ce…

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Déclics et des gens

in Instants by

Première conversation. Un militant, salarié d’un établissement du secteur public où ça bouge quand même un peu, explique que s’il devait reprendre le boulot à plein temps, il rentrerait très vite dans la gueule de tout le monde, à commencer par ses collègues parce qu’il n’en peut plus des gens résignés et par les encadrants, le premier qui vient lui dire quoi que ce soit, il va être bien reçu. Deuxième conversation. Une militante explique que dans un magasin où elle va régulièrement et où sa sœur est employée, elle a récemment discuté avec un salarié, qui lui dit être chef de rayon, gérer l’approvisionnement, les autres salariés du rayon et précise, sachant l’engagement syndical de son interlocutrice, qu’il est contre les syndicats dans le magasin. Malgré cette sortie provocatrice, la conversation se poursuit sur les conditions de travail de l’une et l’autre. Le chef de rayon en vient à donner son salaire : 1500€. La militante syndicale lui dit alors gagner bien plus, sans « responsabilités » d’encadrant, simplement en remplissant des chariots, parce qu’elle est dans un secteur où il y a (encore) une bonne convention collective. Quelques jours plus tard, la sœur de la militante syndicale lui dit que le chef de tel rayon voudrait lui parler, sur des questions de salaire, sur la future mise en place du CSE…   Les exemples viennent du milieu syndical, mais les deux démarches pourraient se retrouver dans d’autres cadres militants. Ce n’est pas une question d’étiquette, les deux militants sont du même…

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Tyrannie des minorités: de Macron à Autain, le discours fasciste se recycle en boucle

in Chroniques du déni by

“L’objectif est toujours de réconcilier et unir, on ne le fera pas en un jour, pas par l’inaction, pas en cédant à la tyrannie de minorités qui se sont habituées à ce que l’on leur cède”. Emmanuel Macron 15 avril 2018. Et c’est ainsi que le Président utilisa, contre les luttes sociales, le concept de ” tyrannie des minorités”, popularisé par tous les racistes et tous les antisémites. Le glissement idéologique, s’il n’est pas original, est significatif. Lors de la campagne des primaires de la droite et du centre, Nicolas Sarkozy, lancé dans une tentative frénétique de recherche des voix de l’extrême-droite l’avait également utilisée, en affirmant que ” la République reculait chaque jour davantage devant la tyrannie des minorités”. Lesquelles selon lui, étaient constituées en vrac par “les lycéens”, les “casseurs”, les “zadistes” et les “islamistes radicaux”.

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#5mai: le confusionnisme qui casse

in Chroniques du déni by

Mercredi 4 avril François Ruffin, député insoumis, revenait à la bourse du travail tenter de lancer une proposition, une grande manifestation avec lui un samedi: #AvecMoile5Mai. L’idée n’est pas de rejouer la Nuit Debout mais Ruffin avait quand même pensé à ramener les mêmes ingrédients: Frédéric Lordon, Loïc de Jolie Môme et la fanfarre qui permet d’éviter que la salle n’émette trop d’idées d’organisation démocratique. Rapidement renommée “La Fête à Macron” histoire d’avoir un but, le #5mai fleurit sur les comptes insoumis et tente de se doter de comités d’organisations. Lordon explique que la date du 5 mai fut choisie par commodité. En effet, le 28 avril la grève des cheminots empêchait les gens de venir en train et puis c’était les vacances de la zone parisienne. Et le 1er mai ça aurait eu l’air d’être à la remorque des syndicats. Donc le 5 mai “Toutes les organisations, politiques, syndicales, associatives, sont invitées à se l’approprier – pourvu qu’elles soient capables du discernement minimal et d’accepter de se fondre dans un ensemble plus vaste qu’elles.” Martinez a annoncé que la CGT ne comptait pas participer. Le lendemain, 5 avril, Olivier Besançenot, Benoît Hamon, Pierre Laurent et François Ruffin se retrouvaient à Woincourt pour défendre les lignes de proximités…

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