Alger 1957: racines françaises de la guerre contre le terrorisme, entretien avec Fabrice Riceputi

Nadia Meziane pour Lignes de Crètes : Bonsoir Fabrice, merci de nous accorder cet entretien. On va peut-être commencer par ta présentation, que tu nous racontes, peut-être, comment tu as choisi ce sujet précis qu’est la guerre d’Algérie, ce qui peut paraître évident à des jeunes étudiants aujourd’hui avec les études décoloniales et toute cette profusion de travaux qu’on peut avoir en Europe, mais aussi ailleurs, sur le sujet mais qui ne l’était pas forcément il y a encore quelques temps. Fabrice Riceputi : Alors c’est une question qu’on me pose souvent mais à laquelle j’ai un peu de mal à répondre simplement. Alors d’abord, moi, je ne suis pas un universitaire : j’ai fait pas mal de choses avant de me remettre à la recherche historique. J’ai été prof dans le second degré ; j’ai été militant syndicaliste et puis il se trouve que j’ai été l’étudiant de Pierre Vidal-Naquet qui est l’historien français qui a vraiment fait un énorme travail sur la guerre d’Algérie. Je n’ai pas pu poursuivre la recherche à ses côtés en particulier, je suis devenu prof parce qu’il fallait manger et je me suis remis sur le tard à tout ça , il y a une grosse dizaine d’années par le fait d’un certain nombre de rencontres, un peu de hasard, mais aussi parce qu’en tant que militant antiraciste et historien j’ai toujours bien perçu la connexion entre la problématique de l’histoire coloniale et l’héritage du racisme aujourd’hui. Je me suis plongé d’abord dans cette histoire de…