"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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islamophobie - page 5

Antisémitisme et islamophobie: une comparaison légitime, n’en déplaise aux séparatistes.

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Le racisme anti-arabes est une oppression qui se fonde sur notre infériorité supposée dans tous les domaines. Sa construction repose sur la création du «  dangereux barbare » par l’idéologie coloniale française, poursuivie ensuite. Le dangereux barbare arabe est une créature sanguinaire, qui ne sait pas régler les conflits autrement qu’en sortant un couteau. Le dangereux barbare arabe frappe sa femme plus que les blancs, c’est culturel. Ses femmes l’acceptent parce qu’elles sont elles même inférieures aux Françaises, il convient de les éduquer à la liberté. Ce sont le genre de clichés avec lesquels nous grandissions dans les années 70 et 80, nous les enfants des arabes Nous portions d’ailleurs cette arabité purement réflexive et négative quels que soient nos histoires personnelles, notre rapport à la France, ou celui de nos parents. D’ailleurs nos parents étaient présumés musulmans. Culturellement. Un nom arabe suffisait à éveiller des images de baignoire ensanglantée avec un pauvre mouton bêlant de douleur ( les Français mangent du mouton aussi, mais comme ils les comptent amoureusement pour s’endormir, cela leur donne un brevet de civilisation alimentaire ), et en positif des demandes d’invitation à manger le couscous. Pour une obscure raison , dans l’imaginaire raciste anti-arabes, nous sommes des barbares agressifs et odieux, mais aussi des gens qui doivent, par essence, inviter tout le monde à manger. Sans doute une intersection de la race et de la classe, tant d’entre nous travaillent dans les secteurs de l’aide à la personne depuis des dizaines d’années que les personnes…

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Commémoration pour Ilan Halimi: 15 ans déjà

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Ilan Halimi a été enlevé, séquestré, torturé pendant trois semaines et assassiné en 2006. Parce qu’il était Juif, et que les assassins étaient persuadés que les Juifs étaient tous connectés entre eux et solidaires, extrêmement puissants, et riches. L’assassinat d’Ilan, jeune salarié d’une boutique de téléphonie du 11ème arrondissement était profondément et absolument politique : ses meurtriers étaient à ce point convaincus de la réalité de la vision hallucinée de l’antisémitisme, qu’ils ne l’ont pas questionnée un seul instant avant de fomenter leur plan criminel et dément. Quinze ans plus tard, leur conviction est partagée massivement, banalement. Que les Juifs contrôlent à la fois la pandémie et les “vaccins tueurs”, qu’ils soient à l’origine de la crise économique et sociale, à la tête de tous les pouvoirs, organisés en sociétés secrètes ou contrôlant les choses ouvertement par l’intermédiaire d’organisations communautaires est une idée parfaitement ordinaire dans une partie de la population française et en Occident. En 2006, une partie du champ politique a affirmé que l’assassinat d’Ilan relevait d’un « nouvel » antisémitisme, parce que le chef de l’auto-proclamé gang des barbares était noir. Il n’était cependant pas seul dans l’affaire, et parmi ses complices, il y avait des gens de toutes les origines. Une autre partie du champ politique, dans une parodie sordide de défense antiraciste, a affirmé pendant des années que le crime était somme toute crapuleux, anecdotique, et très peu politique. Dans la gauche radicale, beaucoup ont franchi un pas supplémentaire dans l’ignominie, en faisant de la mémoire de cet…

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Une conversation contemporaine : révolution, antisémitisme, islamophobie (1)

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Nadia Meziane : Nous ne serions peut-être jamais croisés sans la révolution syrienne qui a lié, de par le monde, des gens qui a priori n’avaient rien à faire ensemble. Et donc avant de parler d’antisémitisme et d’islamophobie, j’aimerais qu’on se souvienne des belles choses et qu’on les fasse vivre. Raconte moi un peu ta révolution syrienne et comment elle a déboulé dans ta vie. Hamza Esmili :Peut-être faudrait-il dire d’emblée que la découverte de la révolution syrienne fut tardive pour moi. J’étais pourtant issu de la gauche marocaine – et, plus généralement, arabe – dont 2011 avait été le moment de vérité tant attendu – et, in fine, gravement contrarié. Au Maroc, la révolte avait pris le nom de Mouvement du 20 février auquel, avec certain.e.s ami.e.s, nous avons essayé de donner quelques suites. Mais l’écho de la Syrie ne nous était que peu parvenu. Rétrospectivement, la non-réception de l’une des plus importantes mobilisations du moment me semble allégorique d’une gauche arabe nationaliste qui, pendant des décennies, s’était demandée avec la chanteuse libanaise Julia Boutros « où étaient les millions », i.e. les masses populaires. Cependant, lorsque celles-ci avaient effectivement investi la rue, une partie majeure de la gauche arabe avait pris le parti du régime – dès 2012, la même Julia Boutros1 avait ainsi dédié à l’armée de Bashar une chanson intitulée « tirez, ne montrez nulle pitié ». Aussi la découverte de la révolution syrienne s’est-elle faite par le truchement de la France ou, plus exactement, par la volonté d’interroger la…

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Antisémitisme : comment l’idéologie du deux poids deux mesures nous a fait toucher le fond

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Dans la mémoire des issus de l’immigration néo-coloniale, il est difficile de savoir si subsiste notamment chez les plus jeunes le souvenir d’un temps où l’on ne se comparait pas avec les Juifs, pour évoquer la discrimination, étatique ou autre, dont on est victime. Depuis au moins quinze ans, la banalité de ce réflexe s’est installée comme une évidence presque absolue et n’est plus guère questionnée, autrement que par le biais de la dénonciation du danger de se livrer ainsi à une relativisation de la Shoah et à un antisémitisme qu’un courant de pensée majoritaire dans les sphères intellectuelles de droite, mais aussi d’une partie de la gauche qualifie de « nouveau », en s’appuyant notamment sur les travaux de divers sociologues ou historiens du temps présent ou experts médiatiques de l’on ne sait trop quoi. Le sujet est donc abordé uniquement au travers de deux lignes. L’une consiste à dénoncer moralement un acte de comparaison, l’autre à en faire un symptôme de la dangerosité d’une partie de la population française. Utiliser la rhétorique du deux poids deux mesures, et montrer que les Juifs seraient « favorisés », protégés contre le racisme spécifique dont ils sont victimes et pas nous, permettrait de dessiner les contours des droits dont nous ne bénéficions pas, en creux, par contraste. Une bonne partie de ceux qui font cette comparaison, qu’ils soient ou non animés par des préjugés antisémites réels, le font cependant dans un esprit avant tout utilitariste. Affirmer que l’on est d’abord une…

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