"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

Au bonheur des négationnistes (retour sur les pratiques du champ littéraire), deuxième partie

in Antisémitisme/Chroniques du déni by

Voici la deuxième partie du travail de Frédérik Detue, en approfondissement de son intervention à nos journées sur le négationnisme. La première partie se trouve ici.

Au bonheur des négationnistes

(retour sur les pratiques du champ littéraire)

 

Deuxième partie

Défense du sublime historique génocidaire : Marc Nichanian avocat de Hayden White

Le point nodal du « scepticisme absolu » de White est le rejet par principe de la notion de preuve, comme si elle n’avait aucune pertinence pour qualifier la tâche des historien·nes. Comme si ladite notion de preuve – comme d’ailleurs celle de vérité (à toujours manier avec des guillemets !1) – appartenait de facto à un régime de croyance que seule une forme de naïveté positiviste pourrait continuer d’ignorer en tant que tel. C’est pourquoi ce scepticisme passe par une réfutation de l’archive, dont on ne pourrait jamais rien conclure de façon définitive.

Or, malgré les objections sérieuses qui lui ont été faites et dont je viens de donner un aperçu, ce positionnement théorique de White, qui lui a valu avant sa retraite d’occuper une chaire de littérature comparée à l’Université de Stanford, constitue une doxa aujourd’hui dans le champ des études littéraires. La plupart du temps, on ne se réclame certes pas de l’auteur, en particulier en France où ses écrits demeurent relativement méconnus2. Mais, quand il est arrivé que l’on revienne sur le débat qui a opposé Carlo Ginzburg à White, l’enjeu a été pour l’essentiel d’invalider la critique de Ginzburg. Spécialement, celui-ci avait le tort de soutenir contre White – et avec Primo Levi – la valeur probatoire des écrits de témoins survivant·es.

Dans un livre paru en 2006, l’essayiste Marc Nichanian s’est proposé de prendre la défense de l’accusé White (qui ne s’était pas assez bien défendu lui-même), contre l’« article féroce » de Ginzburg3. Or l’ouvrage, intitulé La Perversion historiographique, a bénéficié d’une excellente réception académique de la part de la critique littéraire en France ; Catherine Coquio, dans un livre, et Jean-Louis Jeannelle, dans un article, ont accordé beaucoup de crédit aux propositions de l’auteur4. Il est ainsi intéressant d’exposer la réflexion de Nichanian, afin d’analyser comment l’idéalisme littéraire des premiers romantiques est aujourd’hui tributaire d’une esthétisation de l’histoire d’après Auschwitz.

Au demeurant, tout le propos de Nichanian vise à prendre le parti de la « conception sublime du processus historique » revendiquée par White, suivant une histoire intellectuelle qui mènerait de Schiller à Giovanni Gentile et à Martin Heidegger, en passant par Nietzsche5. L’erreur de White, selon Nichanian, c’est qu’il a voulu donner des gages aux historiens qui l’accusaient de faire le jeu des négationnistes, alors qu’il aurait fallu plus radicalement quitter le terrain de l’histoire pour celui de la philosophie. Cela lui aurait permis d’assumer pleinement l’idéalisme inhérent à sa conception du sublime historique, en ne concédant plus rien au réalisme historien suivant lequel les choses existent indépendamment des mots. S’il n’est pas allé jusque-là, cependant, c’est que White n’a lui-même pas pris la mesure de l’événement génocidaire, qui ne fait pas partie de ces « réalités historiques stables [qui] entrent dans les livres d’histoire »6.

Ce qu’il y a de troublant dans cette dernière assertion, c’est qu’elle semble donner raison, au moins en partie, au Reichsführer SS Himmler, lorsqu’il disait – au Congrès des généraux SS à Posen, le 4 octobre 1943 – que l’extermination du peuple juif en cours « est une page glorieuse de notre histoire, qui n’a jamais été écrite et qui ne le sera jamais »7. De fait, s’abstraire de la réalité des faits pour énoncer la vérité d’un événement revient à épouser le point de vue de la domination. C’est la critique de l’idéalisme que Theodor Adorno a adressée aussi bien à l’œuvre de Richard Wagner qu’à celle d’Oswald Spengler, qui ont été chacun à sa façon des « complice[s] de la nécessité historique »8. En l’occurrence, Nichanian prend le parti de ce qu’il désigne comme « la volonté génocidaire », et qu’il ne faudrait pas comprendre comme un projet d’extermination :

« Ce que Hayden White ne pouvait pas dire, c’est que la volonté génocidaire ne veut pas tuer, exterminer, détruire des vies, des communautés, détruire des sociétés, même détruire le lien social. La volonté génocidaire veut détruire le fait, la factualité du fait. »9

Cette définition de la volonté génocidaire, Marc Nichanian la justifie par la reprise à son compte d’un propos de Jean-François Lyotard déjà cité et discuté par Carlo Ginzburg à la fin de sa conférence « Just One Witness ». Dans Le Différend en 1983, Lyotard soutenait en effet la chose suivante :

« […] avec Auschwitz, quelque chose de nouveau a eu lieu dans l’histoire, qui ne peut être qu’un signe et non un fait, c’est que les faits, les témoignages qui portaient la trace des ici et des maintenant, les documents qui indiquaient le sens ou les sens des faits, et les noms, enfin la possibilité des diverses sortes de phrases dont la conjonction fait la réalité, tout cela a été détruit autant que possible. »10

C’est ainsi parce que « [l]e génocide n’est pas un fait » qu’il ne peut pas « entr[er] dans les livres d’histoire ». Le raisonnement de Nichanian reproduit ici celui qui amenait Lyotard à la conclusion que le nom d’Auschwitz « marque les confins où la connaissance historique voit sa compétence récusée »11.

Brandir Lyotard pour faire la leçon à White alors que Lyotard lui-même citait « The Politics of Interpretation » à l’appui de sa réflexion sur l’invalidité de la discipline historique n’est certes pas l’opération la moins cocasse. Mais la question que l’on est en droit de se poser à présent est celle de savoir le cas qui est fait du négationnisme dans cette réflexion.

La posture idéaliste, qui consiste à s’identifier à l’esprit du monde, offre de pouvoir regarder l’agitation un peu vaine et dérisoire des hommes de peu. Ce faisant, on observera qu’elle permet en outre de résoudre les contradictions à peu de frais. Marc Nichanian n’est pas négationniste au sens où le sont des antisémites tels que Rassinier et Faurisson. Comme le suggérait Lyotard, il prend en compte « la méta-réalité qu’est la destruction de la réalité »12. Il ne fait ainsi que s’incliner devant « l’incroyable puissance philosophique de la volonté génocidaire »13 lorsqu’il prend acte de la négation à l’œuvre dans l’action génocidaire elle-même. Quant aux pauvres esprits qui n’ont pas sa hauteur de vue, ils sont condamnés à la « perversion historiographique » consistant à jouer le jeu du bourreau génocidaire qui nous défie de prouver le crime14. C’est ici qu’entrent en jeu les négationnistes, présentés comme des « historiens révisionnistes » (selon leur propre terminologie fallacieuse), et crédités d’être « de vrais historiens », bien que « de vrais provocateurs »15. La « perversion historiographique » est une tare qui caractérise en effet sans les discriminer les historien·nes et les négationnistes. Les historiens « provocateurs » « tabl[ent] sur [la] destitution originaire du fait voulue et produite par la volonté génocidaire afin de semer le doute sur la réalité des faits »16 ; les historiens comme Pierre Vidal-Naquet et Carlo Ginzburg ne valent pas mieux en se comportant, malgré ladite destitution du fait, comme s’il était possible de prouver la réalité des faits. Les uns et les autres ne sont que l’avers et le revers d’une même médaille (en chocolat).

On n’a pas affaire en l’occurrence à du négationnisme au sens courant mais à une forme de négationnisme transcendantal17, de la part d’un auteur tellement fasciné par le bel objet qu’il construit, si conforme à son désir d’absolu, qu’il se moque bien que cet objet ait la moindre valeur de vérité au regard de la réalité historique qu’il est censé éclairer. Telle est l’indifférence sociale à laquelle se voue l’esthétisation de l’histoire. Comme l’a analysé Hermann Broch, l’absolutisation de la réalité ne produit jamais que du kitsch18. Or la falsification à l’œuvre dans le concept de « volonté génocidaire » à l’emploi ici constitue une offense pour les victimes.

Critique du négationnisme transcendantal

Ce qui donne au concept une apparence de vérité se rapporte au « fait significatif » que les nazis ont tout fait, « longtemps d’avance », pour que l’humanité ne croie pas à leur crime ; au seuil de son dernier livre en 1986, Primo Levi rapporte ainsi que « de nombreux survivants », dont Simon Wiesenthal, « se souviennent que les SS trouvaient plaisir à en avertir cyniquement les prisonniers », d’une façon qui ressemble au défi du bourreau génocidaire selon Nichanian :

« De quelque façon que cette guerre finisse, nous l’avons déjà gagnée contre vous ; aucun d’entre vous ne restera pour porter témoignage, mais même si quelques-uns en réchappaient, le monde ne les croira pas. Peut-être y aura-t-il des soupçons, des discussions, des recherches faites par les historiens, mais il n’y aura pas de certitudes, parce que nous détruirons les preuves en vous détruisant. Et même s’il devait subsister quelques preuves, et si quelques-uns d’entre vous devaient survivre, les gens diront que les faits que vous racontez sont trop monstrueux pour être crus ; ils diront que ce sont des exagérations de la propagande alliée, et ils nous croiront, nous qui nierons tout, et pas vous. L’histoire des Lager, c’est nous qui la dicterons. »19

Il y aurait beaucoup à dire, pour commencer, sur cette intention d’effacer l’événement lui-même de l’histoire. Elle est à replacer dans « [l]’histoire entière du “Reich millénaire” », qui, comme l’écrit encore Levi, « peut être relue comme une guerre contre la mémoire, une falsification de la mémoire à la Orwell, une négation de la réalité allant jusqu’à la fuite définitive hors de la réalité »20. Depuis l’accession au pouvoir de Hitler en 1933, les hauts dignitaires nazis ont, de fait, un fantasme de toute-puissance tel qu’ils pensent pouvoir imposer puis contrôler entièrement le discours social que le peuple allemand, puis les autres peuples sous occupation, sont en droit de tenir sur la réalité.

À cet égard, il est tout à fait justifié de dire qu’une organisation du secret conditionne, par diverses directives, la mise en œuvre pratique de l’extermination. Suivant le discours de Himmler cité plus haut et qui est adressé à une élite de la SS, il apparaît que, du point de vue nazi, « la grande majorité des Allemands [est] trop faible, trop corrompue par les valeurs judéo-chrétiennes pour comprendre le bienfait que réalise l’avant-garde qu’est la SS »21. Exemplairement, le cryptage de la langue qui camoufle l’extermination et l’opération 1005 qui a pour mission, à la suite d’une plainte de la population allemande à Chelmno, de détruire les corps des victimes donnent à l’extermination un air de conspiration.

Le secret a de fait plusieurs vertus stratégiques, aux yeux des nazis. Il s’applique aux victimes, parce qu’il est plus efficace – et moins pénible – d’exterminer les gens par traîtrise. Puis il rassure les exécutants en tant que gage d’impunité – et cet argument judiciaire a évidemment une importance accrue à mesure que se profile la défaite allemande.

Mais il convient de remarquer que, par rapport au peuple allemand en particulier, l’extermination ressemble – et de plus en plus à l’approche de la fin de la guerre – à un secret de Polichinelle (comme dans le cas de la mesure hygiénique à Chelmno, au demeurant). La très bruyante et violente propagande antisémite qui a soutenu les mesures antijuives du régime nazi depuis 1933 ne s’est pas arrêtée au seuil de l’extermination, en effet – et, comme l’a relevé, non sans ténacité, Gilles Karmasyn, plusieurs déclarations publiques disent le principe, la nécessité et l’effectuation en cours de celle-ci22.

Les nazis craignent assurément que le peuple allemand, trop sentimental, manifeste des résistances au projet et leur complique la tâche, alors qu’elle est déjà « ce qu’il y a de plus dur et de plus difficile au monde »23. C’est pourquoi, dans un sens, les Allemand·es doivent surtout ne pas pouvoir se représenter par l’imagination l’horreur concrète de ce qui est en train d’être perpétré. Mais c’est aussi pourquoi ils/elles sont sommé·es fermement de consentir ou du moins de se résigner à « l’anéantissement de la race juive » qui se commet en leur nom24. L’enjeu de ce pacte social est d’ailleurs pour partie judiciaire ; « car il n’est rien de plus puissant qu’un lien construit sur un crime, comme Hitler se plaisait à l’affirmer le 1er août 1923 : “Il y a deux choses qui peuvent unir les hommes : les idéaux communs et la criminalité partagée” »25. Comment les nazis génocidaires pourraient-ils être condamnés en justice en cas de défaite, s’ils ont agi avec la complicité de tout un peuple ?

Il apparaît dès lors que l’affirmation selon laquelle « la volonté génocidaire ne veut pas tuer, exterminer, détruire des vies, des communautés » mais « veut détruire le fait, la factualité du fait »26 n’est rien d’autre qu’une mystification qui vise à embellir la réalité. D’abord, la véritable fin criminelle assumée dans le temps des faits par les principaux porte-parole du régime nazi est passée sous silence (et même niée ici). La falsification commence ainsi dans la citation par la transformation en une fin d’un moyen d’action – relatif, qui plus est, non au projet d’anéantissement en tant que tel mais à sa mise en œuvre pratique. Ce n’est certes pas une surprise que le négationnisme transcendantal pèche de cette façon par simplification et par idéalisation de la réalité. Il parvient même à fausser la perception du négationnisme lui-même en le réduisant de deux manières : par absolutisation (comme si le négationnisme se limitait à sa version la plus radicale qui nie que l’événement a eu lieu) ; et par essentialisation (comme si le négationnisme ne concernait que le seul crime de génocide, et pas les autres crimes internationaux).

Enfin, on a tellement quitté le terrain de l’histoire avec l’hypothèse d’une « destruction du fait » qu’on en oublierait presque que ses promoteurs s’autorisent, pour l’avancer, de la destruction de presque toutes les traces – qui n’a pourtant jamais été qu’un fantasme nazi. Outre que de nombreux indices matériels du crime ont été retrouvés sur les différents lieux de l’extermination (ce qui fonde le projet du film Shoah de Claude Lanzmann27), les archives du génocide constituent une masse considérable de documents et de témoignages, malgré tout. Après avoir cité l’avertissement cynique des SS, Levi en dresse le constat avec la sobriété qui le caractérise : « Les choses, par bonheur, ne se sont pas passées comme les victimes le craignaient et comme les nazis l’espéraient. Même la plus parfaite des organisations présente des lacunes »28. Dans le monde idéal de Nichanian, cependant, il n’y a pas de place pour les lacunes. La théologie négative dont procède le négationnisme transcendantal ne peut concevoir de lacune qu’au singulier, tapie non dans les choses mais dans les mots.

Frédérik Detue

(Lire la troisième partie)

1 Carlo Ginzburg aime à mentionner un petit fait qui exemplifie à ses yeux « le néo-scepticisme relativiste » contre lequel il s’est longtemps battu : « il y a bien longtemps, lors d’un colloque à Yale, j’avais parlé de “vérité sans guillemets” : éclat de rire général parce que, dans les milieux universitaires américains, le geste qui consistait à mimer les guillemets avec les mains était d’usage quand on employait le mot de vérité », rappelait-il tout récemment (« Entretien avec Carlo Ginzburg », propos recueillis par Carlo Rosato dans L’Espresso du 05.04.2020, trad. de l’italien par Martin Rueff, En attendant Nadeau, 13.04.2020, URL : https://bit.ly/2XHZjAY).

2 Curieusement, aucun livre de White n’a été traduit en français. C’est seulement depuis 2017 qu’une sélection d’écrits de l’auteur a été éditée en livre dans cette langue : H. White, L’histoire s’écrit. Essais, recensions, interviews, trad. de l’anglais par Philippe Carrard, Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Libres cours », 2017.

3 Marc Nichanian, Chap. 3 : « Réfutation », La Perversion historiographique. Une réflexion arménienne, Paris, Éditions Lignes & Manifestes, coll. « Lignes essais », 2006. L’auteur ne cesse de manifester son indignation face à l’« article féroce » (p. 107), qualifié aussi de « très violente réaction » (p. 119), de Carlo Ginzburg, qui réserve un « traitement tout de même hallucinant » (p. 120) à l’argumentation de White. « Le vrai problème, estime-t-il, est que Hayden White se défend très mal contre cette attaque menée contre lui par un tribunal ad hoc d’historiens » (p. 121).

4 Voir Catherine Coquio, Chapitre « La destruction du réel et sa réfutation », Le Mal de vérité ou l’utopie de la mémoire, Paris, A. Colin, coll. « Le temps des idées », édition électronique, 2015 ; Jean-Louis Jeannelle, « Marc Nichanian : le témoignage malgré tout », Critique, n° 826, 2016/3, p. 205-219. Du côté de la critique de cinéma, Sylvie Rollet louait déjà en 2007 un « ouvrage fondamental » sur « “la destitution du fait”, cette “invention” propre aux entreprises génocidaires du XXe siècle » (« Personne ne témoigne pour le témoin », Chimères, n° 63, 2007/1, p. 210, n. 3). La réception de l’œuvre de Nichanian aux États-Unis n’est pas moins préoccupante, comme l’attestent la traduction de La Perversion historiographique (New York, Columbia Univ. Press, 2009) et la contribution de Nichanian à l’ouvrage collectif Probing the Ethics of Holocaust Culture (Cambridge, Mass., Harvard Univ. Press, 2016), dans lequel White et Friedländer continuent à débattre âprement.

5 Voir l’extrait de « The Politics of Historical Interpretation » de White cité dans la note 31 de la première partie.

6 M. Nichanian, La Perversion historiographique, op. cit., p. 124.

7 Document 5 (PS 1919) : « Allocution du Reichsführer SS au Congrès des généraux SS à Posen, le 4 octobre 1943 », dans Henri Monneray (dir.), La Persécution des juifs dans les pays de l’est présentée à Nuremberg. Recueil de documents, Paris, Éditions du Centre, série « Documents » / C.D.J.C., 1949, p. 68.

8 Theodor W. Adorno, Essai sur Wagner (1952), trad. de l’allemand par H. Hildenbrand et A. Lindenberg, Gallimard, coll. « Les essais », 1966 ; « Spengler après le déclin » (1950), Prismes. Critique de la culture et société, trad. de l’allemand par G. et R. Rochlitz, Paris, Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2010, p. 53-83. Spengler est qualifié de « complice de la nécessité historique » (p. 66) dans cet article. Dans l’Essai sur Wagner, la musique du compositeur est qualifiée dans le même sens de « partisan de l’accomplissement du destin, ordonné contre les impuissants » (p. 169).

9 M. Nichanian, La Perversion historiographique, op. cit., p. 123.

10 Jean-François Lyotard, Le Différend, Paris, Éd. de Minuit, édition électronique, 2014 [1re éd. papier : 1983], § 93. Ce propos de Lyotard est cité par Nichanian dès les premières lignes de l’introduction de son ouvrage afin de soutenir son idée que « [l]e génocide n’est pas un fait » (La Perversion historiographique, op. cit., p. 9-10).

11 J.-F. Lyotard, Le Différend, op. cit., § 93.

12 Ibid.

13 M. Nichanian, La Perversion historiographique, op. cit., p. 128.

14 Voir ibid., p. 142 : Nichanian représente le défi par « la phrase du bourreau […] : “Prouve, prouve donc si tu le peux !” »

15 Ibid.

16 Ibid., p. 24-25.

17 Suivant Nichanian, le fait étant « l’idéal transcendantal de l’histoire » (ibid., p. 123), la « volonté génocidaire » se caractérise par opposition comme ce qui vise « un événement qui soit sa propre destruction en tant que fait ; donc la destruction du fait comme idéal transcendantal de l’histoire » (ibid., p. 128).

18 Hermann Broch, Quelques remarques à propos du kitsch (conférence à l’Université Yale, hiver 1950-1951), trad. de l’allemand par A. Kohn, Paris, Allia, 2001.

19 Primo Levi, Préface, Les Naufragés et les Rescapés. Quarante ans après Auschwitz, trad. de l’italien par A. Maugé, Paris, Gallimard, coll. « Arcades », 1989 [1re éd. italienne : 1986], p. 11-12.

20 Chap. 1 : « La mémoire de l’offense », ibid., p. 31.

21 Tal Bruttmann, Christophe Tarricone, Notice « Opération 1005 », Les 100 mots de la Shoah, 2e édition, Paris, Que sais-je ?, 2018, p. 90.

22 Voir Gilles Karmasyn, « L’extermination au jour le jour dans les documents contemporains. Une compilation de citations pour PHDN » [mot-clé : « Publiques (déclarations) »], dernière mise à jour le 19.04.2020, Pratique de l’histoire et dévoiements négationnistes (site web fondé et administré par l’auteur), URL : https://bit.ly/35oZHWK.

23 Discours de Himmler devant un parterre de Reichsleiter et de Gauleiter, le 6 octobre 1943 à Posen, cité dans T. Bruttmann, C. Tarricone, Notice « Discours de Posen », Les 100 mots de la Shoah, op. cit., p. 47. Voir Christopher Browning, Les Origines de la Solution finale. L’évolution de la politique antijuive des nazis, septembre 1939-mars 1942, trad. de l’anglais par J. Carnaud et B. Frumer, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Histoire », 2007, édition électronique : le chap. 9 contient un développement sur l’« [a]ttitude de la population allemande envers les déportations et la “solution finale” ».

24 Voir en particulier l’éditorial de Goebbels dans l’hebdomadaire du parti nazi Das Reich du 16.11.1941. Se référant à la « prophétie » de Hitler sur « l’anéantissement de la race juive en Europe » du 30 janvier 1939, Goebbels précise que « nous sommes en train de vivre l’accomplissement de cette prophétie », que la « “juiverie” subit actuellement le processus graduel de son annihilation qu’elle prévoyait pour nous » et avertit de façon menaçante : « Quiconque prend le parti des Juifs est passé à l’ennemi en pleine guerre » (cité dans le développement mentionné ci-dessus de C. Browning, Les Origines de la Solution finale, op. cit.).

25 G. Karmasyn, « Les Juifs comme parasite des peuples : à exterminer », dernière mise à jour le 05.01.2021, PHDN (site web), URL : https://bit.ly/3bXotQg.

26 M. Nichanian, La Perversion historiographique, op. cit., p. 123.

27 Voir François Gantheret, « Les non-lieux de la mémoire. Entretien avec Claude Lanzmann », Nouvelle revue de psychanalyse, n° 33, printemps 1986, p. 11-24.

28 P. Levi, Préface, Les Naufragés et les Rescapés, op. cit., p. 12.

Frédérik Detue est enseignant-chercheur à l’université de Poitiers et membre du Comité Syrie-Europe, après Alep. Il étudie les pratiques documentaires en littérature et au cinéma, en particulier celles des témoins victimes de violences politiques. De façon générale, il développe une critique de la culture, dans un sens démocratique, antiraciste et féministe.

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