"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

La Fraternité, ses réseaux, et le dispositif islamophobe

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Il ne sera pas question ici du  livre de Florence Bergeaud-Blackler autrement que comme rouage d’un dispositif. Dont on peut s’épargner la lecture lorsqu’on lutte contre l’islamohobie, nul n’étant contraint de vérifier l’intégralité de chaque pamphlet le concernant de près ou de loin. Il en sort un à chaque rentrée des maisons d’édition, et celui de Madame Bergeaud-Blackler sera très certainement éclipsé par un autre dès le mois de septembre.

Il s’agira justement d’énoncer quelques fonctionnements répétitifs qui organisent régulièrement le débat public contre l’Islam et les musulmans, à partir d’un exemple parmi d’autres.

Ces fonctuonnements sont ceux qui commencent par la sortie d’un pamphlet politique écrit par une personne avec des diplômes de sociologie, d’anthropologie ou d’histoire, et vont ensuite engager une multiplicité d’acteurs parmi lesquels des média et des institutions étatiques. Peu importe dans un cadre global qu’il s’agisse du pamphlet de Madame Bergeaud-Blackler, ou de monsieur Kepel ou de monsieur Rougier ou de n’importe quel autre. A l’exception du genre de l’auteur ou de l’autrice qui a effectivement un petit rôle particulier, le narratif de combat et son déroulé sont toujours exactement les mêmes.

Tout commence assez banalement. Un pamphlet politique intéresse en général au premier chef deux types de publics. D’abord, la sphère qui partage les idées du ou de la pamphlétaire. Un pamphlet écologique sera d’abord recensé sur les sites des organisations qui se battent contre le changement climatique. Un pamphlet féministe fera d’abord l’objet de louanges dans les espaces dédiés. En général, cette réception purement militante se double ensuite d’un écho dans des médias de la presse écrite censés être plus objectifs mais ne cachant pas certaines préférences. Ainsi un pamphlet contre la destruction du service public sera recensé dans l’Humanité et dans Libération, un pamphlet écologiste aura sa critique dans la rubrique Planète des grands journaux ou sur Reporterre.

Très logiquement le pamphlet « Le Frérisme et ses réseaux » a donc d’abord été recensé dans Causeur, Franc-Tireur, Front Populaire, ainsi que sur une myriade de sites dont l’objectif affiché est de publier uniquement des articles contre l’islam et les musulmans. Naturellement dans la France politique de 2023, où l’islamophobie est extrêmement populaire et partagée, le nombre de sites, de médias et de collectifs qui sont dédiés à cette activité sont beaucoup plus nombreux que ceux consacrés à la défense de la planète et leur caisse de résonance beaucoup plus importante. De même de C News au Figaro en passant par Valeurs Actuelles ou Marianne, les médias grand public islamophobes sont évidemment beaucoup plus puissants que les autres.

L’ouvrage de Florence Bergeaud-Blackler, comme tous les pamphlets islamophobes rédigés par des universitaires, a donc eu une audience absolument énorme par rapport à d’autres ouvrages thématiques écrits par des chercheurs et chercheuses sur d’autres sujets. Pourtant tout aussi cruciaux, voir même plus. C’est ainsi que fonctionne l’économie réactionnaire que nous avions analysé dans un précédent article.

Néanmoins la mise en place du dispostif islamophobe commence à ce moment précis où l’ouvrage  se diffuse plutôt bien et suscite donc une réaction parfaitement normale dans le débat démocratique.

Une partie des personnes ciblées, personnellement ou en tant que communauté, commentent négativement l’ouvrage, le recensent de manière critique, tentent de démonter ses arguments. Les oueuvres du type de celui de Madame Bergeaud-Blackler ont toutes la même thèse : lorsque des communautés musulmanes deviennent visibles, revendiquent la même place que les autres religions, donnent leur avis sur les grands sujets de société, créent des associations et des partis politiques, des entreprises ou des commerces dédiés, se mettent en réseau… alors l’Europe, la République, les citoyens, les femmes, les autres minorités, la Civilisation Occidentale sont menacés dans leurs fondements même. Peut-on imaginer que les sujets de tels ouvrages restent muets ou donnent raison aux auteurs ?

C’est pourtant ce qui est immédiatement attaqué comme « menace », uniquement pour les musulmans, surtout si les critiques sont des hommes et si l’autrice est une femme. Si ce raisonnement était appliqué à d’autres on le trouverait absurde. Par exemple, imagine-t-on la sphère autorevendiquée laïque se taire si elle est désignée comme islamophobe par des musulmans (ou par Lignes de Crêtes qui ne peut poster un tweet sans se faire hurler dessus par les camarades laïques) ? Imagine-t-on C News ne pas répondre à des ouvrages à grande audience les qualifiant de fascistes à peine déguisés ? Imagine-t-on Total ne pas faire de communiqué de presse quand l’entreprise se fait traiter de pollueuse ? Imagine-t-on la Ministre de la Culture ne pas réagir quand une cinéaste critique sa politique au Festival de Cannes ?

Non, évidemment.

Mais le dispositif islamophobe, en érigeant le droit de réponse et de débat en « menace » seulement quand il émane des musulmans, les exclut une première fois de la vie démocratique.

Pour rendre cela crédible, le dispositif repose sur ce qui est devenu une évidence à force d’être martelée par les locuteurs islamophobes et validée par le plus haut niveau de l’état avec les dissolutions et la loi Séparatisme. évidence selon laquelle l’ensemble de celles et ceux qui s’engagent en politique contre l’islamophobie seraient les responsables potentiels de futurs attentats, comme ils le sont des précédents commis par Daech.

Le propre de la propagande par le mensonge devenue évidence apparente est d’inverser la charge de la preuve et même de punir par anticipation, en l’absence du moindre fait.

C’est ce qui s’est mis en place pour l’ouvrage de Florence Bergeaud-Blackler. Celle-ci indique très vite être menacée sur les réseaux, ce qui est évidemment vrai. Qui ne se fait pas menacer sur les réseaux dès lors qu’il intervient dans le débat politique ? Mais madame Bergeaud-Blackler ne dit pas  par qui et en quels termes. Elle n’avance pas le moindre lien entre les auteurs, journalistes et militants musulmans qui l’ont critiquée et ces menaces, hormis le fait que tous seraient « islamistes » et les auteurs des menaces aussi. Cela suffira à déclencher la deuxième phase du dispositif islamophobe.

Très vite, les militants qui critiquent Florence Bergeaud-Blackler sont déclarés responsables des menaces, tandis que Madame Bergeaud-Blackler , reçue par le Ministre de l’Interieur  et deux autres ministres,  bénéficie de tribunes médiatiques extrêmement nombreuses, non plus tellement en tant qu’autrice mais en tant que victime de la « violence islamiste ». Dans le même temps, devenus ” islamistes violents”, les personnes critiques de Florence Bergeaud-Blackler sont totalement exclues du débat médiatique à leur sujet, où ils sont pourtant ciblés nominativement dans des articles avec photos. C’est notamment le cas de Rafik Chekkat, auteur, avocat et camarade de lutte qui se retrouve mis en cause dans toute la presse, pour un article pourtant publié sur un média comme un autre, ORIENT XXI, et même pas sur un site militant.

Les “islamistes” sont en effet ces hommes musulmans déshumanisés à un tel degré que nul n’envisage jamais qu’ils puissent, comme tout le monde, être en danger, et surtout très affectés par la dénonciation publique, par les conséquences sur leur vie personnelle et familiale. Les jeter en patûre publique n’a aucune espèce d’importance puisqu’ils sont de toute façon coupables et jamais assez punis.

Mais le discrédit et l’exclusion frappent plus large que les seuls musulmans, car le dispositif monté autour de l’ouvrage de Madame Bergeaud-Blackler est le dernier en date d’une longue série qui a peu à peu ciblé les chercheurs et chercheuses qui ne sont pas dans la doxa islamophobe. La plupart sont encore et seulement frappés de l’infamante étiquette « islamo-gauchiste ». Qui génère quelques soucis mais rien de comparable avec ce qui va frapper François Burgat.

C’est la première fois qu’un chercheur français sera accusé de « mettre une cible dans le dos » d’une collègue, et ce  sur une émission à grande audience. La première fois que l’inversion victimaire pratiquée sur les musulmans sera appliquée avec une telle force à un non-musulman et membre d’une profession pourtant respectée socialement. Inversion victimaire, parce que François Burgat ne s’est pas réveillé un matin en décidant de critiquer Florence Bergeaud-Blackler sur les réseaux sociaux ou dans des articles, sans avoir aucune raison de le faire. Il fait tout simplement partie des cibles nominatives du pamphlet de Madame Bergeaud-Blackler. C’est donc cette fois un chercheur qui ne partage pas les mêmes thèses ni les mêmes opinions politiques que la sphère des chercheurs réunis autour de l’idée que l’Islam est un danger en expansion, qui est assimilé, brutalement et sans aucune précaution oratoire, à un donneur d’ordre indirect des attentats. En conséquence et comme les musulmans, il sera quasi-totalement exclu de droit de réponse sur cette accusation .

Les musulmans et leurs alliés n’ont pas le droit de répondre aux attaques politiques des pamphlétaires, s’ils le font, ils sont accusés de chercher à provoquer des actes terroristes. Première exclusion du champ démocratique. Ils sont exclus de tout droit de réponse sur ce sujet devenu une telle évidence de propagande que médias et politiques la cautionnent très facilement en considérant que les personnes concernées sont devenues des intouchables, déjà des quasi-terroristes sans droit aucun à la défense. Deuxième exclusion du champ démocratique.

La troisième conséquence du dispositif islamophobe est sans doute encore moins visible. Tant elle est banalisée. Elle est une des victoires de la propagande qui pourtant se prétend universaliste et même détentrice du seul universalisme possible, positif et légitime. L’universalisme consiste notamment à affirmer qu’un principe ou une analyse valent pour toutes et tous. Par conséquent, lorsque des auteurs et autrices comme Madame Bergeaud-Blackler subissent des menaces de mort lancées par des personnes musulmanes, si on conclut a priori que ces menaces sont de la même nature et de la même valeur que les critiques et défenses musulmanes face aux ouvrages islamophobes, mais aussi que ce sont les critiques qui déclenchent des actes terroristes, alors qu’en est-il lorsque les menaces touchent les militants musulmans ?

La question n’est absolument pas rhétorique. Les attentats d’extrême-droite revendiquée se sont multipliées depuis celui commis à la mosquée de Bayonne en 2019. Le dernier a tué trois personnes en décembre dernier. Il y a quelques semaines, le média communautaire Tajmaat dévoilait l’existence d’un groupe de 8000 personnes sur Telegram destiné à préparer des attentats imminents. Ce groupe avait établi une liste sur laquelle des militants musulmans figuraient.

Ces derniers ne peuvent faire un seul tweet, publier un seul texte sans subir une avalanche d’insultes et de menaces de mort, de tabassage, de torture, de tonte si ce sont des femmes.
Quant aux thèses en faisant un danger pour le pays et la civilisation en général, ou les présentant comme une sorte de toile d’araignée en réseau décidée à conquérir le pouvoir pour imposer leur religion à tous, elles sont le fait de chaînes de télévision, de Ministres, d’innombrables média, du Président lui même appelant à “bâtir une société de la vigilance contre l’hydre islamiste”. Et le principal sujet de la littérature de Madame Bergeaud-Blackler et de ses innombrables camarades.

Par conséquent si le dispositif islamophobe était universaliste, alors Rafik Chekkat, ou les militants musulmans cités dans l’ouvrage de Madame Bergeaud ainsi que François Burgat seraient reconnues comme victimes, invitées comme tels sur France Inter et BFM, et sous protection policière. A la place ils sont simplement menacés de mort, avec une cible dans le dos, et accusés en sus de propager des appels à la violence.

Si jamais il leur arrivait malheur, Madame Bergeaud-Blackler, monsieur Kepel et d’autres seraient-ils responsables ? Epineuse question, jamais tranchée définitivement en politique, tant il est impossible de se départir de sa subjectivité. Le raisonnement selon lequel il n’y a qu’un pas entre une expression politique d’une sphère que l’on hait et la violence terroriste est rarement celui qu’on fait concernant sa propre famille politique. Cette subjectivité n’est pas condamnable en soi. Elle l’est lorsqu’elle devient fausse évidence universaliste. Partagée au plus haut niveau de l’Etat, prescriptrice de normes légales qui criminalisent toute expression politique et religieuse pour une seule communauté.

C’est alors bien une islamophobie systémique qui tient lieu de fonctionnement politique global, alimenté par des dispositifs de plus en plus nombreux, dont celui que nous venons de décrire.

C’est la raison pour laquelle il n’est absolument pas utile de lire autre chose qu’éventuellement le titre de l’ouvrage de Madame Bergeaud-Blackler, même si celui-ci est sans doute truffé de détails inédits, et même de brillantes trouvailles par rapport aux 78 précédents écrits par ses collègues, dès lors qu’on se place sur le terrain de la pratique  politique. Dans ce cadre là, c’est l’objet livre, central dans un dispositif islamophobe spécifique qui est important.

En France, en effet, le statut des intellectuels, leur importance en tant que personnages prestigieux de la vie politique est immuable. A toute politique d’Etat, il faut une caution livresque, de qualité ou non, là n’est pas tellement le sujet, le sont bien plus les titres de l’auteur ou de l’autrice. Et la Geste de l’intellectuel menacé par la censure violente est également essentielle pour faire écho au récit des Lumières.

De ce récit, des Lumières, pourtant initialement vécu au moins en rêve comme universaliste par certains de ses grands noms, qui ne dédaignaient pas défendre les minorités religieuses contre l’absolutisme, les musulmans sont aujourd’hui exclus. Pour ceux qui écrivent trop, la lettre de cachet est considérée comme une œuvre salutaire et sanitaire pour sauver le corps social d’un virus mortel.

Et sans cesse se répète le même dispositif : la mise en valeur et en lumière des œuvres qui se placent en antagonisme absolu contre l’Islam politique, leur relais médiatique omniprésent, bien plus important que pour n’importe quel autre sujet de société

.Et en miroir l’exclusion progressive de toute expression, de toute littérature, de toute analyse politique musulmane du champ commun de la démocratie. Et la dénonciation sans cesse renouvelée des marges qui demeurent, toujours trop grandes.

Constater et analyser n’est pas pour autant marque de pessimisme et d’abattement. De fait, la peur dans laquelle vivent les musulmans et celles et ceux qui, non seulement luttent contre l’islamophobie mais osent s’intéresser aux activités politiques musulmanes, est un ressenti très partagé. De fait, c’est un sentiment bien étrange et qu’on n’aurait jamais cru connaître il y a une décennie que celui d’écrire de simples analyses antiracistes avec la crainte de la réaction de l’Etat et des dispositifs islamophobes, dont ceux qui ont été longuement analysés dans la presse et par les militants à propos du Fond Marianne.

Il est bien étrange, également d’avoir à se demander sans arrêt si parler contre l’islamophobie, participer au débat intellectuel et polémique, ne donnera pas lieu à des accusations de complicité avec Daech. Comme on se faisait systématiquement accuser d’appartenir aux réseaux de Netanyahu si l’on critiquait l’antisémitisme dans les années 2010, auquel cas on était immédiatement rendu coupable de la mort des enfants palestiniens par les soraliens, les dieudonnistes et une partie de la gauche. Une des différences avec l’islamophobie, évidemment, c’est que les listes électorales ,  soraliennes et dieudonnistes n’ont jamais permis à leur leaders d’accéder au gouvernement et de proposer une loi qui relie automatiquement la lutte contre l’antisémitisme à un soutien des bombardements à Gaza.

Mais paradoxalement, Madame Bergeaud-Blackler a au moins raison sur une chose: le titre de son ouvrage résume une vérité sociologique, activiste et politique indéniable et rassurante sur le temps long. Il y a bien une Fraternité et ses réseaux. Sans doute pas aussi puissante, organisée, rationnelle que la décrivent Madame Bergeaud-Blackler et ses pairs. Disons qu’elle ressemble symboliquement à ce qui les fait hurler, ces quelques secondes de clips officiels du Conseil de l’Europe avec une jeune fille en hijab, effectivement inimaginables il y a trente ans, où toute la communication prétendument universelle des institutions officielles excluait de toute façon toutes les minorités, en les sommant de se reconnaître dans un seul visage.

La Fraternité et ses réseaux reste avant tout un projet criminalisé en France dès que la graine sort de terre, et même dès qu’elle germe quelque part dans le cerveau d’un jardinier ou d’une jardinière. Mais d’une part, la France n’est pas l’Occident, et Madame Bergeaud-Blackler a bien raison de voir les choses dans leur globalité européenne : ailleurs même des institutions  parfaitement pas gauchistes ni islamistes se résolvent au moins à accepter qu’une religion obtienne les mêmes possibles que les autres.

Et d’autre part, si les dispositifs islamophobes sont aussi répétitifs et nombreux, si un nouveau livre éclipsera bientôt celui de Madame Bergeaud , ce n’est pas de la seule volonté des acteurs du dispositif, c’est aussi parce que les musulmans sont toujours là. Et ne renoncent toujours pas à exister pleinement. Et ce fait social et politique suscite certes une animosité croissante dans un vieux pays où l’extrême-droite est hégémonique culturellement, pour le moment. Mais aussi une curiosité et une envie de vivre ensemble, en paix et en pouvant enfin combattre pour un monde qui ne ressemble pas à celui des islamophobes et de leurs réseaux.

Car ce système frappe aujourd’hui d’autres cibles. Les dissolutions pleuvent sur la jeunesse en lutte pour éviter la catastrophe climatique, les fiches S s’abattent sur qui ose sortir avec une casserole pour le droit à ne pas mourir à l’usine. Que l’islamophobie soit un système global, alors qu’il n’est censé porter préjudice qu’à une communauté ne peut étonner que ceux qui ne connaissent pas l’histoire du 20ème siècle et à quel point des régimes puissants se sont construits autour de la persécution ou de l’exploitation déshumanisée d’un Autre essentialisé. Néanmoins, les dispositifs de ce type lorsqu’ils deviennent le fonctionnement global d’un régime finissent par trouver des adversaires unis de manière inattendue.

Le meilleur signe des Temps est d’ailleurs que les islamophobes en prennent conscience et que le vieux Maître Kepel demande désormais à ses héritières de ne plus s’en tenir au djihad d’atmosphère mais accueille également dans son université Nathalie Heinich déterminée à dévoiler le wokisme et ses réseaux. Ceux qui veulent rejouer la guerre d’Algérie s’inquiètent d’un éventuel mai 68 . Ils ont bien raison.

PrecairE, antiracistE

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