On n’avait rien compris à Marsault… On croyait que c’était un viriliste qui se déchaîne particulièrement sur les femmes qui osent lui tenir tête et appelle à les harceler, un suprémaciste nostalgique du IIIème Reich, et qui fait des dessins pour propager et libérer cette haine et cette violence.
Et non, c’est un petit cœur tendre, qui voulait juste vendre ses planches originales au BHV du Marais pour donner les sous à sa copine qui bosserait au MacDo en faisant ses études, et maintenant il ne peut pas parce qu’encore une fois, nous avons signalé au BHV à quelle idéologie et à quelles pratiques ils allaient permettre de se faire de la pub et de l’argent.
Ce n’est pas encore tout à fait ça pour l’égalité entre les femmes et les hommes, Marsault, un petit effort. L’indépendance financière est un des plus anciens combats des femmes, toujours d’actualité.
C’était bien tenté de jouer la carte prolo et précaire, Marsault, mais quand on est avec Obertone une des stars des éditions Ring, qui se vante de lancer des rééditions parce qu’il y a rupture de stocks, on n’est plus un précaire. Surtout, on ne l’est plus quand on a choisi de faire abstraction « des horribles crimes de masse commis par le IIIème Reich » parce que Wagner et le gigantisme architectural on trouve ça cool.
C’est ça le problème avec la liberté et le progrès, Marsault: celles et ceux qui se battent partout dans le monde pour les faire exister luttent aussi contre ses ennemis et pour l’égalité. Nous savons que ce combat-là, c’est aussi celui contre les idéologies qui posent les oppressions contre des minorités comme base, celui contre tout ce qui empêche ne serait-ce que l’unE d’entre nous de vivre pleinement telle qu’elle est, avec ses histoires, ses fissures, ses doutes, ses contradictions, ses bizarreries, du moment que ça ne vient pas opprimer d’autres.
Nous sommes des milliers à vivre la précarité, à faire des boulots qui ne sont pas ceux dont on rêve, à faire la manche avec ou sans nos chiens de punks, à nous battre avec la CAF ou Pôle emploi pour garder de quoi vivre, à avoir des horaires de merde, à lutter pour les moyens de faire notre boulot correctement, à exiger d’être payées à égalité avec nos collègues, qu’on n’ait pas de diplôme ou un bac+5.
Nous sommes des milliers à nous battre au quotidien contre le collègue qui met une main au cul des nanas, contre les blagues racistes en salle de pause, contre les petites phrases sur les homosexuels, à démonter ceux qui parlent des chômeurs ou des exilés comme des « assistés », à empêcher une collègue voilée de faire virer.
Tout ça va ensemble, tout simplement. L’égalité et la liberté n’existent pas en petits morceaux.
Et même si ce combat-là est dur et pas encore gagné, qu’est-ce qu’il fait du bien aussi, face à la haine qui rabougrit.