"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Pauline Thirifays

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Romaniste et enseignante en Belgique, droit-de-l'hommiste et féministe assumée, solidaire de tous ceux qui luttent pour plus de justice, élever deux humains miniatures destinés à exister dans le monde de demain est dans ma vie un révélateur infaillible des questions essentielles.

Assis sur ses grands principes, avec les hommes et les femmes debout

in Chroniques du déni by

J’ai toujours été attachée à la liberté de conscience. Il me semble que cette notion est fondatrice de tout ce qui confère à la vie humaine son caractère sacré et inaliénable. La liberté de conscience implique le respect de l’autre dans ses choix. Elle fonde aussi tous les principes de la démocratie et des droits humains : de l’égalité – car nous en sommes tous dotés – à la liberté – car elle en est l’essence même. Ces convictions font d’ailleurs écho à ce que j’ai compris du dieu dans lequel j’espère (bien loin des enseignements rigidifiés d’une Eglise avec qui je n’ai plus grand-chose en commun) et pour qui la liberté de l’Homme est le corollaire indispensable à la concrétisation d’un monde dans lequel l’humain serait co-créateur. Ce sont d’ailleurs ces certitudes profondes qui m’ont toujours amenée à défendre le droit à l’IVG. Je n’ai jamais pu comprendre comment on pouvait se déclarer « pro-life » et se débrouiller avec le paradoxe de se poser en protecteur de la vie humaine (y compris celle à venir) au nom de son caractère sacré, tout en lui enlevant précisément sa substance première, celle qui lui confère tant de prix ; la liberté de conscience (et donc la liberté pour les femmes de poser leurs propres choix en ce qui concerne leur vie et leur corps).

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« Reboussolés »

in Mémoires Vives by

Depuis quelques jours, j’ai décidé que le pôle nord serait à 50.034°N, 19.180°E. Je crois que nous sommes plusieurs à avoir observé ce changement dans nos boussoles intérieures parmi ceux du voyage vers la Pologne. Il y avait pour ce voyage 36 élèves volontaires qui ont consacré quelques jours de leurs vacances à nous emmener, mes deux collègues et moi, jusqu’à Auschwitz et Birkenau. Oui, ce sont bien les jeunes qui nous ont emmenés et non le contraire. Oh, bien sûr, un de mes collègues s’était chargé de l’organisation, des coups de téléphone, des réservations, des réunions de préparation, des assurances, des autorisations, du calcul et de la gestion du budget… mais ce sont ces jeunes de 17 ou 18 ans qui nous ont emmenés et qui ont donné du sens à ce qui n’en avait pas. Car Auschwitz n’a pas de sens. Il n’y a d’ailleurs pas de place décente pour les mots, la théorie, le rationnel et les explications en sortant d’un tel voyage. On ne commente pas Auschwitz. On ne raconte pas sa visite entre la poire et le fromage. En dehors des témoignages précieux de ceux qui y ont vécu l’horreur et qui humanisent l’Histoire, en dehors du savoir historique et des recherches d’experts qui attestent de l’horreur, il me semble indécent d’en parler. Même pour contrer le négationnisme. D’ailleurs, le négationnisme ne se raisonne pas puisqu’il est un choix politique et idéologique et non un aveuglement de l’ignorance. D’ailleurs, le négationnisme ne se discute pas…

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Des fleurs aux « nègres » inconnus

in Mémoires Vives by
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« On ne peut pas changer tout ce qu’on affronte, mais rien ne peut changer tant qu’on ne l’affronte pas. L’Histoire n’est pas le passé, c’est le Présent. Nous portons notre histoire avec nous. Nous sommes notre histoire. » James Baldwin Cela se passe à Lisbonne – à Belém plus exactement – dans le Jardim do Ultramar. Le jardin d’Outremer a été créé au début du siècle dernier. Ses sept hectares sont plantés d’espèces exotiques très rares, africaines et asiatiques. On s’y rend pour l’époustouflante allée de palmiers, pour son lac, pour le jardin japonais caché. On y admire les essences tropicales provenant des anciennes colonies. On s’y rend après la visite du monument aux découvertes (le Padrão dos Descobrimentos), proue de bateau immaculée sur l’embouchure du Tage, pointant les horizons merveilleux que ses héros ouvrirent pour le Portugal et l’Europe en partant depuis ce point à la conquête d’un monde qui leur appartenait forcément. On ne peut le regarder, superbe de blancheur et de promesses, que gonflé de quelque chose qui ressemble à l’orgueil des fils d’aventuriers. On oublie souvent que ce monument fut construit en 1941 sous la dictature du nationaliste Salazar et qu’on ne peut en ignorer le dessein… Ils sont deux. Au milieu des touristes qui déambulent dans le jardin d’Outremer, plus personne ne les voit. Ils sont des espèces exotiques parmi des espèces exotiques. Des spécimens, pas des personnes. Ils ne sont pas là pour eux-mêmes mais pour représenter leur espèce. C’est le sommet de…

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