"Je n'ai pas vécu la liberté, mais je l'ai écrite sur les murs" (la révolution syrienne)

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Un 23 décembre

in Chroniques de la violence brune by

Un camarade a envoyé sur le groupe qu’il allait au rassemblement de soutien à 18h, rue du faubourg Saint Denis. Ça a motivé deux trois personnes, donc on a décidé de s’y retrouver à la tombée de la nuit. Le boulevard Sébastopol était bloqué par des cars de police, de nouveaux cars grisés à la carrosserie flambant neuve, parce que joyeux noël, n’est-ce pas. La rue elle-même était encadrée par des rangées de mecs en armure, qui avait d’ailleurs sortie le lance-grenade à répétition. Au cas où, n’est-ce pas. Pour une fois les bars étaient tous fermés, ainsi que les kebabs et les pizzerias. Une foule encore plus dense que d’habitude et des éclats de verre par terre ; sur les téléphones les vidéos de l’après-midi, où la police avait gazé, chargé et matraqué. “C’est parce que Darmanin s’est fait sifflé” commente un gars, et on rigole. Les gars qui étaient là ne rigolaient pas par contre, et j’ai pas vu la police reculer aussi vite depuis les Gilets Jaunes. Faut croire qu’un Kurde en vaut deux. “Mais pourquoi y’a pas de musique ? Les gens vont bouger après ?” demande quelqu’un qui visiblement s’est perdu. “C’est une veillée de soutien pour les trois personnes assassinées, donc non y’aura pas de musique. Et après on va nulle part.” “Y’a beaucoup d’étrangers quand même.” “C’est parce que les trois victimes étaient kurdes.” “Et vous êtes des étrangers, vous ?” Des regards s’échangent avant de lui répondre. Y’a vraiment des gens chelous…

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La mort probable des intellectuels arabes

in Révolution by

Le chef d’un État arabe et socialiste – probablement Saddam Hussein – se rend dans un village pauvre de son pays. Il en réunit les habitants et demande, du ton compatissant du père de la nation, qu’ils lui présentent leurs doléances. Nul n’ose prendre la parole sauf Hassan, qui crie le coût du pain et la sécheresse de la terre, la matraque du gendarme et la corruption des potentats féodaux. Ému, le chef d’État écrase une larme et remercie celui qui parmi ses enfants a eu le courage de la vérité. Un an plus tard, le chef d’État retourne au village. La scène est rejouée mais personne ne répond plus à la question paternelle. Tout juste entend-on l’un dire d’une voix faible et mal assurée : « tout va bien dans le meilleur des mondes, mais où est mon ami Hassan ?¹ ». *** Sherine Abu Akl est morte assassinée – probablement ciblée par un sniper de l’armée israélienne. Elle était l’une des plus fameuses journalistes palestiniennes et arabes : sa voix – et sa célèbre signature : Sherine Abu Akl, al-Jazeera, Ramallah – avait accompagné des générations de locuteurs arabophones. Jeune reporter durant la seconde intifada, elle n’avait eu de cesse lors des vingt années suivantes de documenter la colonisation de la Cisjordanie. *** On rappellera, à raison, que Sherine Abu Akl n’est guère la première journaliste arabe que l’on assassine – tant s’en faut. En Syrie, Bachar al-Assad revendique l’élimination physique des intellectuels (Bassel Shahada, Khaled al-Issa, Razan…

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