Face à l’islamophobie, le temps de l’union est venu.

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L’heure est très grave et c’est bien le moins qu’on puisse dire. L’Islam et les musulmans de France sont visés et ciblés par les moyens de l’État ; et c’est bien leur attachement à la religion stricto sensu qui dérange la ligue politico-médiatique et non un quelconque réel ou supposé extrémisme dans la pratique de l’islam. Il n’y pas non plus la moindre preuve ou un quelconque signe de laxisme et non-respect par ces musulmans des lois ou valeurs de la République.

Inutile donc de tourner autour du pot et tergiverser à nommer les choses comme il se doit. Par ailleurs, « Mal nommer les choses c’est rajouter au désordre du Monde » disait Camus. Et Dieu sait que certains d’entre nous continuent encore aujourd’hui à se voiler la face et ne pas se décider à reconnaitre une réalité : il y a bien une islamophobie d’État en France ; structurelle et non conjoncturelle ; systémique et non isolée ou épisodique.

Le masque de « la lutte contre « le radicalisme », « le djihadisme », « l’intégrisme », « le salafisme »… et autres ismes qui était la couverture ces vingt dernières années ; ce masque-là est désormais tombé.

Le fait que l’État -je dis bien l’État-, ne s’embarrasse plus d’aucune contradiction ni d’aucun paradoxe, pour qu’en moins de quatre ans (2021-2025), accuse un pan entier des musulmans français, hier de « séparatisme » et aujourd’hui « d’entrsime » : cela est la meilleure preuve d’une attitude plutôt obsessionnelle, qui n’a rien de rationnel, faut-il le souligner.

Le dernier communiqué de l’Élysée (du lundi 7 juillet) qui fait suite à, tenez-vous bien, un Conseil de défense et de sécurité national (CDSN), consacré à la lutte contre l’islamisme et aux phénomènes de séparatisme et d’entrisme, prévoit une nouvelle loi pour la rentrée en automne. Les cinq grands aspects de celle-ci sont d’ores et déjà connus. Mais que dis-je en fait ? Réellement, ces cinq « futures lois » sont déjà connues, et mises en œuvre depuis quelques petites années : gels des avoirs des individus et associations et/ou fermetures de comptes ; dissolution d’associations ; fermetures de locaux ; sans oublier le fermeture des maisons d’éditions et la censure de certains livres existants depuis des siècles.

Que faut-il faire, alors ? Que doit-on faire et dans quel but précisément le ferons nous ?
Quand on pointe cette islamophobie systémique, il n’est pas du tout question d’une quelconque sorte de victimisation ; et encore moins de culpabilisation. Cette dernière, (la culpabilité sans jugement ni procès), faut-il le souligner, nombreux sont ceux qui, au sein de la ligue politico-médiatique, cherchent à nous la faire ressentir, et souhaiteraient par conséquent que nous adoptions un langage contrit.

Je tiens donc à le dire haut et fort -en mon nom en le vôtre si vous le permettez !-, Nous les musulmans de France, sommes surtout victimes de notre léthargie, de notre évitement à faire face à notre responsabilité collective. Nous ne sommes ni victimes ni coupables de ce qui nous est arrivé ou arrive encore ; mais nous en sommes entièrement responsables ! Oui ! Nous en sommes pleinement responsables.

Soyons francs et sincères envers nous-mêmes. Nous, acteurs ( soi-disant ou réellement) agissant pour les intérêts des musulmans et défendant leurs droits, pouvons-nous ignorer que cette accusation d’« entrisme » était plus ou moins prévisible ? Notamment après la loi sur le séparatisme votée en août 2021 ? Comment avons-nous réagi à cette dernière loi ? Qu’avons-nous entrepris comme actions pendant le débat sur cette loi ? Qu’avons-nous fait après le vote de celle-ci ? Pas grand-chose, fort hélas ! voilà ce qui fait de nous des responsables (quand ce n’est pas tout fait des complices) de ce qui nous arrive.

Mes chers frères et sœurs ! Nul ne peut en douter, la France est un pays de droits ! Un pays de libertés ! Mais ni les droits ni les libertés ne sont offerts à qui que ce soit sur un plateau en argent. Il faut revendiquer ses droits, et les préserver ; il faut défendre ses libertés et ne rien lâcher. voilà le seul moyen, et l’unique chemin sans lesquels la dignité et la respectabilité ne seront que des vœux pieux, pour ne pas dire des chimères.

Cette mise au point étant faite, voici donc mes propositions .

D’ores et déjà et avant la rentrée en septembre, nous devons non seulement réagir en conséquence des défis que nous impose l’agenda macroniste ; mais ce que nous devons entreprendre doit être INEDIT. Et par inédit, j’entends qu’il doit sortir de l’ordinaire : Des actions jamais entreprises dans leur ampleur, leur caractère ou leur manière. Il faut surprendre et marquer les esprits habitués à deviner nos actions molles, peu conséquentes et surtout empreintes d’émotivité réactionnelle :

1. Des procès historiques contre les mesures de l’État. Exemple face à la prévisible fermeture de l’IESH da Château Chinon et la dissolution de sa structure, engager un procès avec 5 cinq avocats au minimum. Ça sera un procès inédit dans sa forme. Le signal sera très fort et le procès servira de leçon et, son délibéré, je l’espère de jurisprudence.

2. Sensibiliser les maisons d’éditions et les grands libraires musulmans (et quand bien même nous ne pouvons les convaincre tous à se joindre à l’action, une douzaine suffit largement) à constituer une équipe de 7 à 10 avocats (ça coûtera entre 40k€ et 60k€, et ça vaut le coup) pour défendre la liberté d’expression, la liberté de Culte et la liberté d’édition. Rappelons qu’en France, depuis 1937, aucune maison d’édition n’a été réprimée et/ou fermée. Alors qu’en moins de quatre ans, nous en sommes à 5 ou 6 éditeurs musulmans, administrativement et politiquement fermés, sans la moindre décision de justice. Ce scandale qui se déroule dans le pays de Voltaire, Hugo, et de « je suis Charlie » qu’il soit rappelé au passage, est  une honte sans noms. L’histoire retiendra que la France, pays de la déclaration des droits de l’homme, des maisons d’éditions musulmanes sont fermées par le pouvoir exécutif dans un silence total des défenseurs de la LIBERTÉ D’EXPRESSION !

3. Mettre en place rapidement un collectif inter associatif de défense des droits des musulmans. Un collectif n’a pas besoin d’être déclaré à la préfecture, ni même d’avoir des statuts officiels. Ce C.IA.D.D.M doit avoir un discours nouveau adapté au contexte actuel : À la fois RESPONSABLE, DIGNE, et TRĖS ENGAGÉ.

Un témoignage pour clore cette courte tribune : Ces derniers mois, j’ai croisé de nombreux concitoyens et concitoyennes musulmans, qui m’ont fait part de leur soutien et surtout fierté quant à ma réaction suite à la perquisition que moi et ma famille avions subie ; ils m’ont surtout expliqué combien ils ont éprouvé de la fierté et l’assurance de voir enfin, pour la première fois un imam porter plainte contre l’État.
Effectivement, j’ai porté plainte contre l’exécutif au gouvernement incarné par son représentant, le préfet du 91. Être citoyen français, c’est l’être à part entière et n’admettre jamais qu’on viole mon domicile sous un prétexte fallacieux. Le procès aura lieu le lundi 15 septembre 2025 à 09h30 à Paris.
PS et NB : Il va sans dire que ces propositions n’ont aucun sens et n’auront aucun effet, si nous n’avons pas le courage -chacun d’entre nous, s’entend- de se faire violence s’il le faut et trouver la force et la conviction profonde de changer son logiciel, notamment par rapport aux devoirs et obligation canoniques, devoirs et obligations morales, citoyennes et politiques d’être unis et faire corps avec tous les musulmans de France, sans partisanisme aucun. Les musulmans sont trop divisés en France. Leurs efforts seront sans le moindre effet sans une convergence, coordination et union sincère.
L’union fait la force et la désunion nous rend tous faibles et vulnérables.

Paris, Juillet 2025
Fraternellement, Noureddine AOUSSAT