Service National Universel: patriotisme, air pur et pastilles de Vichy.

Aucune période contemporaine de crise nationale n’a échappé à une réflexion sur la jeunesse, vue à la fois comme une victime de la crise, un facteur de la crise (cette jeunesse par sa décadence ne peut que précipiter le déclin de la nation) et une solution à la crise, une fois qu’elle aura été régénérée, rééduquée, de nouveau convaincue des vertus du patriotisme et du nationalisme, seuls ciments efficaces de la communauté nationale. Vichy a ainsi vu naître l’expérience des Chantiers de la jeunesse initiée par le très pétainiste général de La Porte du Theil, qui de juillet 1940 à la fin de l’année 1944, concerna plus de 500 000 jeunes garçons soudainement perçus comme responsables de la défaite car gangrénés par l’esprit de jouissance, parce que convertis au culte de l’apéro, pour avoir perdu tout amour pour la patrie et donc toute volonté de sacrifice pour elle. Il fallait donc, au plus tôt, redresser cette jeunesse défaillante, l’extirper de l’influence malsaine des villes où l’usine et les mauvaises idéologies l’avaient pervertie. Cette volonté se concrétise dans la création de 40 groupements des chantiers de la jeunesse en zone dite libre, situés dans des déserts au sens monastique même du terme, où les jeunes hommes doivent passer 8 mois. Cette expérience s’inscrit dans une réflexion foisonnante et multiforme où s’entremêlent attrait pour le scoutisme, intérêt pour l’expérience des équipes sociales de Robert Garric, normalien et catholique pratiquant . Celui-ci fonde un mouvement au sortir de la Première Guerre mondiale qui…